Blake et Mortimer au cœur d’un Bruxelles apocalyptique…

Ce mercredi sort en librairie « Le dernier pharaon », un album hors série avec des Blake et Mortimer tels qu’on ne les avait jamais vus. François Schuiten (dessinateur des « Cités Obscures »),  Jaco Van Dormael (réalisateur de « Toto le héros », « Le Huitième Jour », « Mr Nobody »), Thomas Gunzig (romancier, scénariste et chroniqueur) et Laurent Durieux (affichiste adoubé notamment par Spielberg et Coppola) nous plongent avec délice dans une aventure ésotérique au cœur même de notre capitale! BIY ne pouvait pas passer à côté de cet album à la fois original et extrêmement fidèle à l’univers formidable de ce génial auteur bruxellois qu’était Edgar P. Jacobs.

Résumé :

Bien des années après son aventure au côté du colonel Blake dans les entrailles de la Grande Pyramide de Kheops, le professeur Mortimer est convoqué en Belgique par son ami Henri. Ce dernier a en effet mesuré un niveau de rayonnement électromagnétique colossal irradiant d’un mur dans la cave du palais de justice de Bruxelles. Or ce mur présente d’incroyables hiéroglyphes égyptiens ! Henri et Mortimer reconnaissent dans ce lieu le bureau secret de l’architecte du palais, Poelart, emmuré depuis des siècles. Or avant que Mortimer n’ait le temps de déduire quoi que ce soit, Henri attrape une lourde masse et assène un violent coup sur la cloison d’où provient le gros des rayonnements. Une brèche aveuglante s’ouvre aussitôt… Mu par une singulière curiosité, Henri s’y engouffre. Aussitôt, Mortimer n’a d’autre choix que de battre en retraite, face à l’énergie qui irradie de la faille et en raison d’une sorte de cataclysme qui se produit. Il rejoint l’extérieur, où les passants fuient devant ce palais de justice qui s’embrase d’une radiation glaciale. Il perd alors connaissance et ne se réveille que 3 semaines plus tard, à l’hôpital, après avoir connu de terribles cauchemars. Son ami Blake est à son chevet. Il lui apprend qu’une cage de Faraday a été échafaudée autour du palais de justice, pour contenir son rayonnement. Mais l’ordre d’évacuation de la ville a été prononcé, car cette installation est instable, et les Bruxellois fuient donc la ville en masse…

Avis :

Thomas Gunzig, Jaco Van Dormael, François Schuiten et Laurent Durieux (de gauche à droite).

On attendait beaucoup de ce quatuor de choc : Jaco Van Dormael et Thomas Gunzig au scénario, François Schuiten au dessin et Laurent Durieux aux couleurs. Le moins qu’on puisse dire c’est que le résultat est bien au-delà de nos espérances!
« Le dernier pharaon » ne ressemble graphiquement à aucun autre album de Blake et Mortimer. Cependant, c’est certainement l’album le plus fidèle à l’esprit et à l’univers d’Edgar P. Jacobs, le génial dessinateur disparu en 1987.

Exit les années 50, les deux héros ont vieilli. Nous sommes au début des années 80 alors que d’étranges radiations émanant du Palais de Justice de Bruxelles ont provoqué la destruction des réseaux électriques et électroniques de la ville.


Schuiten n’a pas cherché à reproduire le style d’Edgar P. Jacobs. Bien loin de la célèbre ligne claire, son dessin hachuré réaliste inscrit Blake et Mortimer dans un monde fantastico-urbain proche de ses célèbres Cités Obscures. Ses illustrations sont un véritable hommage à la capitale belge. Les cases des monuments bruxellois abandonnés et envahis par la Nature sont d’une puissance et d’une poésie à couper le souffle.

Pour leur récit, les auteurs ont repris des notes d’Edgar P. Jacobs. Ce dernier avait imaginé des mystérieuses radiations émanant de l’imposant Palais de Justice de Bruxelles, brouillant les ondes radiophoniques et télévisuelles. François Schuiten, Jaco Van Dormael et Thomas Gunzig ont alors eu l’idée de déplacer dans le temps les faits pour créer une aventure « hors série » aux résonnances bien actuelles. L’histoire du « Dernier pharaon » débute là où on avait laissé les deux héros à la fin du « Mystère de la Grande Pyramide » et les fans pourront retrouver beaucoup d’éléments déjà imaginés par Edgar P. Jacobs.

L’album nous plonge avec bonheur dans un univers mystique mâtiné de Science-Fiction. Nous y découvrons un Bruxelles ésotérique dissimulant des pyramides enfouies et bien d’autres mystères occultes. Le rythme est soutenu, le découpage est moderne (les longues descriptions propres à la série originale ont été allégées). 

L’ambiance de cet album n’est pas sans rappeler celle du mythique « Piège diabolique » qui faisait voyager Mortimer dans le temps.
Bruxelles, magnifiquement dessinée par Schuiten, apparaît comme l’un des principaux personnages de l’album. Edgar P. Jacobs qui habitait la capitale, rêvait de raconter une histoire se déroulant au sein de sa ville, mais à l’époque, la ligne éditoriale était au dépaysement, il fallait s’inspirer des canons américains et la mode était aux récits plus exotiques. Il était inenvisageable de réussir à faire rêver les lecteurs avec une histoire se déroulant à Bruxelles. Heureusement, aujourd’hui, c’est chose faite grâce au « Dernier Pharaon » qui nous entraîne dans une histoire palpitante et mystérieuse au cœur même de notre capitale adorée.
Un album conçu par une dream team à ne louper sous aucun prétexte!

 

 

Si l’univers de Blake et Mortimer vous passionne ou si vous voulez prolonger votre lecture, sachez que La Maison Autrique vous propose, à l’occasion de la sortie de l’album, l’exposition « Le dernier pharaon ~ une aventure de Blake et Mortimer » à voir jusqu’au 19 janvier