Catherine Salée:
de la Trêve aux Funérailles d’hiver!
Catherine Salée est devenue une grande figure du cinéma belge. Comédienne talentueuse, on a pu la voir dans la série La Trêve où elle jouait le rôle de Brigitte Fischer mais aussi dans des films comme La vie d’Adèle, Deux jours, une nuit des frères Dardenne. Aujourd’hui, elle est sur les planches dans la pièce Funérailles d’hiver. Catherine Salée y joue avec panache et brio le rôle d’une maman prête à tout pour marier son fils. Un rôle cynique, drôle dans lequel Catherine Salée nous fait vibrer !
Vous avez grandi à Liège et vous avez été dans un collège qui se situe près de la montagne de Bueren… C’est d’ailleurs, là que vous avez commencé le théâtre…Quels souvenirs gardez-vous de cette période ?
C’était une période que j’adorais ! J’avais vécu à Kinshasa avant, j’y avais fait mes primaires. Donc arriver au collège et commencer quelque chose en même temps que tout le monde était chouette pour moi. L’art dramatique là-bas, se faisait par deux professeurs absolument géniaux. Ils ont cru en moi et ça, c’était une chance exceptionnelle. Je n’ai pas eu une mauvaise scolarité, mais j’ai eu une scolarité empreinte de doutes. Je n’avais pas beaucoup confiance en moi. J’avais peur de rater, je me trouvais bête…alors qu’en art dramatique, c’était l’endroit de ma liberté, tous mes doutes s’effaçaient ! Dans mes bulletins, je collectionnais les » Catherine Salée pense trop au théâtre » (rire).
Et c’est en voyant une pièce au Théâtre de Liège que vous décidez de devenir comédienne et d’en faire votre métier…
C’était le Théâtre de la Place à l’époque… En fait, c’était très étrange, mais jusque là, je n’avais jamais pensé à en faire un métier. Je m’amusais tellement bien, que je n’arrivais pas à le raccorder à du travail. Et puis, un jour l’école nous emmène voir la tragédie comique d’Yves Hunstad qui est une pièce qui parle justement du métier d’acteur. Et ce fut la révélation. Je suis rentrée chez moi et j’ai dit à mes parents : « Je veux être comédienne, c’est ça que je veux faire ». Ça a bien évidemment fait peur à mes parents, mais ils ont été très chouettes… C’était tellement évident…
Et puis, il y a le Conservatoire royal de Liège…
Oui, j’avais dans l’idée de venir à Bruxelles…et puis…J’ai toujours dit que j’avais choisi Liège pour la pédagogie, aujourd’hui je peux le dire… J’avais choisi Liège pour rester auprès de mon petit ami de l’époque (rire) ! J’ai passé les examens d’entrée et j’ai été acceptée très rapidement…et pourtant mes études n’ont pas été un parcours des plus simples. Ce n’était vraiment pas facile. D’une part parce que je vivais avec mon copain dans une maison en collocation. Il y avait sans cesse beaucoup de gens qui trainaient là et qui se couchaient à pas d’heure. Donc je ne dormais pas beaucoup à cause du bruit. D’autre part, c’était la première année que je vivais seule, sans les parents, l’air de rien ce n’est pas évident. Ce fut une période où je n’étais vraiment pas bien dans ma peau. J’étais jeune, j’avais 18 ans…En fin de première, je devais jouer le rôle d’une femme très belle, bien dans sa peau…et j’étais à l’opposé de ça, j’avais des plaques d’eczéma suite à ces stress et je me sentais vraiment mal. En fin de première, les professeurs m’ont dit : « Tu passes en deuxième, mais on ne sait pas si tu es réellement faite pour ça ». Et ç’a été une horreur vu que je ne m’imaginais pas faire autre chose que d’être actrice ! La deuxième année s’est beaucoup mieux passée…comme quoi c’est hallucinant, les rencontres avec certains professeurs, ça peut te changer une carrière ! À partir du moment où quelqu’un te regarde avec de l’amour…je ne parle pas de l’amour amoureux…mais qu’il te regarde en croyant en toi…ça te fait exploser ! Encore aujourd’hui, si je travaille avec un metteur en scène qui ne me donne rien, je n’éprouverai pas de plaisir à jouer.
Après le Conservatoire, vous partez vivre à Bruxelles…
Je suis partie à Bruxelles presque par hasard grâce à Delphine Noëls qui est une amie que je rencontre dans un bus (rire) à l’âge de 12 ans, mais on ne fait que se croiser. On se retrouvera plus tard, car elle sortait avec le meilleur ami du petit ami avec qui je vivais à Liège. Nos amours se sont terminés, mais notre amitié est restée. Elle était aux Beaux-Arts à ce moment-là. Après les Beaux-Arts, elle a décidé de faire l’INSAS. Elle se préparait à ses études et donc on faisait chez elle toute une série d’improvisations. De mon côté, je sentais que je devais aller à Bruxelles, car il s’y passait plus de choses… Je suis partie à l’aveugle. Et puis, Delphine m’a pris comme cobaye pour tous les films qu’elle devait réaliser pour l’INSAS. Et j’ai commencé le cinéma comme ça ! Elle commençait en même temps que moi, elle était hyper douée…on avait des désirs fous, on voulait révolutionner le cinéma (rire) ! J’ai eu beaucoup de chance dans mon parcours de rencontrer de jeunes metteurs en scène talentueux…tous très différents. C’est une excellente école…C’est plus simple de commencer comme ça que d’arriver au tout début de ta carrière sur un tournage avec un réalisateur confirmé. Là, nous étions tous des artisans…plus tu en fais, plus tu es à l’aise…Le théâtre et le cinéma sont si différents !
Justement dans l’une de vos interviews, vous dites qu’au cinéma, on perd un peu le contrôle de son image…
Il y a des actrices qui maîtrisent à la perfection leur image comme Isabelle Huppert, Catherine Deneuve… Moi, je m’en fous de mon image. Je ne fais pas attention où la caméra va se mettre, si c’est mon bon profil ou non…Si tu commences à faire attention à ça, tu dois vraiment être très très bonne pour continuer à bien jouer.
Vous avez été récompensée à maintes reprises notamment deux fois aux Magrittes…
Ça fait super plaisir de recevoir des récompenses de la profession pour son travail. Ça veut dire que les gens aiment ce que je fais… À la différence du théâtre, au cinéma on ne voit pas la réaction des gens. Après je ne sais pas si ça change quelque chose au niveau du travail… Je ne crois pas que tu reçois plus de propositions parce que tu as reçu des prix…
La série la Trêve arrive et vous fait connaître du grand public !
La télé a un impact bien plus grand qu’un film qui va à Cannes ! C’est hallucinant ! J’avoue au tout début j’ai eu un peu peur quand on m’a proposé le rôle en me disant que c’était pour une série créée par la RTBF. Quand j’ai lu le scénario de Mathieu Donck, je me suis dit que si c’était ça qu’il voulait faire, il fallait absolument en être ! Il n’y avait plus aucun doute. Et ç’a été une expérience incroyable ! J’ai eu du boulot par la suite grâce à ça ! La série a eu un impact auprès des directeurs de casting, je suis allée en Suisse également grâce à ça !
Aujourd’hui, vous êtes sur les planches avec Funérailles d’hiver du Rideau de Bruxelles, mis en scène par Michael Delaunoy !
Je n’avais jamais travaillé avec Michael Delaunoy. Et il m’a proposé ce rôle suite à une interview qu’il avait vu de moi dans laquelle je disais que j’avais souvent des rôles dramatiques et que j’aimerais bien jouer des comédies ! Il m’a proposé ce rôle dans cette farce burlesque…Il fallait chanter ce que je sais faire ! Et c’est une aventure incroyable, car nous sommes 12 comédiens sur scène la moitié est suisse, l’autre belge, car il s’agit d’une coproduction ! Je ne connaissais personne de la distribution. Et ça a super bien marché ! Cette équipe est géniale ! On s’amuse beaucoup ! Ce sont des personnages d’une méchanceté extrême ! Les femmes ont le pouvoir ! Le paraître passe avant tout ! C’est vraiment très jouissif à jouer ! Et puis, c’est la première fois où je joue avec des compositions musicales ! J’en rêvais !
Vos prochains projets ?
Je vais retrouver Delphine Noëls pour un film ! Je suis super contente ! Elle m’a écrit un rôle merveilleux ! J’ai un des rôles principaux ! Ce sera normalement avec Bouli Lanners ! Ce ne sera pas tourné avant un ou deux ans. Delphine écrit merveilleusement bien !
Plus d’info ?
Photos illustrant l’article : @Christophe Vanderborght
Remerciement à l’hôtel Crowne Plaza Brussels pour leur accueil