Deux séries adaptées d’un comics du même auteur!
Aujourd’hui, BIY se penche non pas sur une, mais sur DEUX séries. Leur point commun? Elles sont toutes deux adaptées d’un comics du même auteur. Préparez-vous à faire connaissance avec un pilier du monde des comics books, un Irlandais punk, drôle et trash du nom de Garth Ennis!
Preacher
Résumé :
Le révérend Jesse Custer, un homme d’église d’une petite ville, mais au passé trouble, voit ses fidèles partir et laisse s’éteindre sa foi. Mais il va bientôt avoir la preuve que Dieu existe bel et bien quand il se retrouve possédé par Genesis, une entité divine qui lui donne le pouvoir de soumettre quiconque à sa Voix. Avec Tulip O’Hare, son ex-compagne cambrioleuse, et Cassidy, un vampire irlandais centenaire et junkie, il va partir à la recherche de Dieu qui s’est enfui du Paradis.
Avis :
Vous l’aurez compris rien qu’à la lecture des synopsis, Garth Ennis ne fait pas dans la dentelle! Son style est caractérisé par une violence extrême accompagnée d’un humour noir et blasphématoire.
Intéressons-nous d’abord à la série « Preacher »adaptée du graphic novel éponyme dessiné par l’immense et regretté Steve Dillon. La série en est à sa 4èmeet ultime saison. À l’heure où j’écris ces lignes, nous sommes à 3 épisodes du grand Final qui sera à n’en pas douter, explosif.
Depuis plus de quinze ans, productions et chaînes diverses se sont succédées pour tenter de porter à l’écran « Preacher », mais ce n’est qu’à la fin 2013 que la possibilité d’une série devint enfin une idée crédible quand le duo Seth Rogen – Evan Goldberg trouva un accord avec AMC.
« Preacher » pourrait ressembler à un film des frères Coen sous acide. Proposant un équilibre stimulant entre humour grinçant et rapports humains tragiques, la série gagne en fluidité et intensité au gré des années. Après une première saison introductive et assez éloignée de la BD, la série trouve enfin son rythme de croisière nous offrant une narration un peu moins foutraque gorgée de personnages secondaires loufdingues et de scènes réellement délirantes. (Ah, ce combat interminable entre deux anges qui ne cessent de se régénérer!) Vous y croiserez des anges, donc, mais aussi des vampires, des démons, un Saint des tueurs tout droit sorti d’un Western, une confrérie secrète du nom de Graal qui prépare la venue d’un nouveau Christ pas très au point, des sorcières vaudoues, Adolf Hitler, un adolescent au visage déformé par une balle de revolver répondant au doux nom de Arseface (« Tronche de cul »),…et un Dieu lamentable fuyant sa Création et dont les réelles intentions sont assez mystérieuses. Seul léger bémol : la série aurait vraiment gagné en rythme, en fluidité et en intensité si les showrunners avaient mieux respecté la narration exemplaire du comics de Garth Ennis. Mais, « Preacher » demeure malgré tout un vrai plaisir jouissif pour les adeptes d’humour dark qui n’ont pas froid aux yeux.
The Boys
Résumé :
Hughie, simple vendeur dans un magasin d’électronique de New York, voit sa fiancée se faire tuer brutalement par A-Train, un membre des Sept, un groupe de superhéros populaire. Encore sous le choc, il est approché par Billy Butcher, un homme violent qui lui révèle que Vought International, l’agence qui promeut et défend les Sept, cache au monde les crimes commis par les héros et que ceux-ci sont loin d’être des modèles de vertu. Au même moment, les Sept accueillent une nouvelle recrue, Stella, qui va découvrir la véritable nature des membres du groupe de l’intérieur.
Avis :
Adaptation du comics trash et irrévérencieux signé Garth Ennis et dessiné par Darick Robertson, le moins qu’on puisse dire c’est que la série produite par Amazon Prime met à mal l’image lisse et aseptisée des superhéros.
Dans le petit monde de « The Boys », les superhéros sont devenus de véritables images de marque. Jouissant d’une impunité médiatique et pénale quasi totale, les héros sont idolâtrés par le grand public, à l’image des Sept, caricature à peine voilée de la Justice League ou des Avengers, mais qui passent plus de temps à camoufler leurs dérapages qu’à tenter de sauver le monde.
À l’annonce du projet, les fans de la BD (dont je fais partie) redoutaient que l’univers ultra trash de l’œuvre de Garth Ennis se transforme en show tout public ou au contraire ne soit plus qu’un enchainement de scènes violentes dénuées de fond, délaissant ainsi la profondeur du comics originel. Cette première saison annihile toutes les inquiétudes et réjouit les fans de la première heure comme les novices en la matière. Car même si la violence est bien présente (orgies, viols, fracassages de crânes,…), il n’y a pas de surenchère et elle n’appauvrit jamais le propos et les dénonciations morales et sociétales au cœur du récit. Beaucoup plus proche de la trame originale de Garth Ennis que « Preacher », « The Boys » (également produit par le duo Rogen-Goldberg) se révèle être une excellente surprise, s’offrant même un twist final (inédit) qui en fera frémir plus d’un!
Outre ces deux séries que nous vous recommandons chaudement, nous vous invitons à vous jeter sans plus tarder sur les BD de Garth Ennis, cet auteur déjanté pas comme les autres.
« Preacher » est publié chez Vertigo. « The Boys » chez Panini comics.