Sofiane Hamzaoui:
« Il faut trouver la lumière dans l’autre »
Sofiane Hamzaoui présente la très intéressante émission « Nomade » qui, une fois par mois, met en lumière les jeunes créateurs bruxellois. Caméraman, monteur, réalisateur, Sofiane Hamzaoui mène son projet de main de maître !
À quoi rêviez-vous quand vous étiez petit ?
J’étais un très grand fan de Michael Jackson. Je pouvais tout laisser tomber pour aller voir une émission spéciale sur lui. J’imitais ses pas de danse… Je voulais être lui comme je voulais être un Tyrannosaurus Rex, car j’étais également fan de dinosaures (rire) ! Michael Jackson représentait le monde l’art, de la création, la vidéo. C’était aussi une ouverture d’esprit. Quand on est petit et qu’on voit ça, on se dit que tout est possible ! Je pense qu’il m’a mis dans une dynamique par rapport à la musique et à la vidéo.
Vous aviez un caméscope adolescent, est-ce de là que cette passion démarre…
À la maison, nous avions un caméscope et j’étais tout le temps avec. Je savais déjà que la vie était une succession d’images et d’instants qui ne reviendraient jamais. Il fallait les cristalliser. J’ai enregistré mon premier concert, ma première sortie… Je pense avoir fatigué mon entourage avec mon caméscope ! Tout le monde me disait : « Encore, avec » (rire) ! C’est marrant de se dire qu’un jour j’allais en vivre !
Et comment avez-vous transformé cette passion en un métier ?
Pour être tout à fait honnête, je n’avais aucune idée de ce que je voulais faire. Dans mes études de communication, il y avait des ateliers vidéos, mais je n’avais jamais envisagé de faire ça comme métier. Tout s’est fait à coup de hasard et de coïncidence ! J’avais un professeur qui était à l’époque porte-parole de la RTBF. A l’époque, j’étais très branché sur la culture et les chaines américaines, je connaissais à peine la RTBF. Lors d’un examen, nous devions analyser un documentaire. Je regardais ce documentaire de Canal + et je m’ennuyais profondément. Je me suis dit qu’il fallait tenter quelque chose, offrir un autre regard. À la fin de l’examen, j’ai dit au professeur : « C’est l’été, il va y avoir des festivals un peu partout et j’aimerais bien en faire un documentaire ». Le professeur m’a regardé et il m’a dit : « Fais-le, mais fais-le bien » ! Quinze jours après, je lui ai rendu un DVD gravé avec un reportage que j’avais fait. Il l’a regardé et il m’a proposé un stage à la RTBF d’une durée de 3 mois. J’ai commencé à réaliser des capsules. Je suis arrivé avec ce bagage de tournage et d’interviews. J’ai toujours été curieux des autres donc spontanément je pouvais interagir avec eux de manière naturelle. En général, pour réaliser un reportage, il y a un journaliste, un cadreur, un réalisateur. J’arrive un peu à incorporer ça ! J’ai réalisé des capsules pour notamment The Voice, puis c’est devenu des productions comme « 50 ans d’immigration marocaine en Belgique » » avec Arte Belgique et la RTBF.
L’idée de l’émission « Nomade » est née pendant la réalisation du documentaire des 50 ans d’immigration marocaine en Belgique » ?
C’est l’ancienne directrice d’Arte Belgique qui m’a proposé de réaliser un nouveau concept pour une émission de télévision. Je ne sais pas pourquoi, elle a fait confiance à un jeune producteur comme moi ! J’ai créé un concept pour parler de l’immigration pour que ce ne soit pas juste exclusif à deux communautés : Marocaines et Turques. J’ai voulu que ce soit ouvert au plus grand nombre possible parce que c’est ça l’histoire de la Belgique, ce brassage culturel qu’il y a depuis des années. Le concept a plu et c’est devenu plusieurs capsules différentes ! Je suis rentré dans l’intimité de ces familles et je me suis rendu compte que les jeunes ne connaissaient pas spécialement l’histoire de leur parent. Ils étaient dans des milieux artistiques et créatifs. Et en les filmant dans leur univers, je me suis dit que ce serait intéressant de parler de ce niveau underground. Montrer que ce qui se passe est crédible et peut inspirer d’autres personnes. C’est comme ça que le projet initial de Nomade est né. Bien entendu, il a évolué pour devenir ce qu’il est aujourd’hui, mais avec cette volonté d’ouverture à l’autre !
Justement « Nomade » fait référence au fait d’être itinérant et de bouger d’un univers à un autre…
Tout à fait ! Le concept de l’émission est allé vers l’autre et le laisser se raconter. Ce qui est marrant c’est que pour cette émission, je suis journaliste, monteur, réalisateur … même si j’ai des caméramans qui filment, je me retrouve à filmer aussi. C’est plus fort que moi (rire) ! Pour l’émission, j’établis des thématiques. Je me dis : « Tiens ce mois-ci, ce serait intéressant de parler de ça ». Ne pas inscrire sur la roche ce que je veux faire, me permet d’être en mode veille. Je m’intéresse à plein de choses sur les réseaux sociaux, dans les médias, je suis attentif au bouche-à-oreille…
Justement, l’émission est un savoureux mélange d’interviews de grandes personnalités et de ce qu’il se passe à Bruxelles…
Oui, à travers l’interview d’une personne influente, on montre que Bruxelles est un lieu de passage de gens hyper influents et intéressants. Quand une star internationale arrive à l’étranger, elle enchaine les interviews et passe à la télévision. À Bruxelles, c’est assez rare comme un excès d’humilité. Quand j’interviewe une star et qu’elle relaye l’émission sur les réseaux sociaux, ça renvoie à Bruxelles. Au travers de ces interviews, c’est intéressant de se rendre compte que les stars n’ont pas toujours eu un parcours simple. Elles ont aussi essuyé parfois des échecs, des refus… Ce n’est pas dire : « Regarder, il y a des gens qui réussissent », mais c’est dire : « Vous aussi vous pouvez le faire ! ». J’aime que l’émission se termine avec un feel good. Il y a du mal partout, mais il y a du bien aussi ! Il faut trouver la lumière dans l’autre.
Photos : @Christophe Vanderborght
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