Charles Kaisin :
le designer surréaliste !

Charles_kaisin

Charles Kaisin est un des plus grands designers de notre plat pays. Il rayonne à travers le monde et travaille pour les plus grands. Passionné et passionnant, Charles Kaisin ne s’arrête jamais et enchaîne les idées, les projets, les collaborations… Ses dîners surréalistes sont devenus des événements incontournables qui font rêver le monde…Rencontre avec ce designer surréaliste !

Vous êtes né en 1972 à Charleroi et votre maman était passionnée de pâtisserie, à 5 ans vous lui avait créé un moule à gâteau… Quel souvenir gardez-vous de cette période-là ? 

Charles_kaisinJe me suis souvent dit que j’avais eu une chance énorme d’être né à la campagne d’avoir ce sens et ce goût de faire les choses. Quand on est en ville, on ne réalise pas toujours le processus. A la campagne, on voit ce que c’est de moissonner, de battre, on voit les graines qui se transforment…La transformation des choses m’a toujours fasciné ! Comme pour faire un gâteau, on fait une pâte à la base qu’on place au four et on voit que ça gonfle ! Ça reste magique pour moi ! J’étais un enfant très actif, curieux de pleins de choses et j’ai eu de la chance d’avoir des parents qui m’ont permis de stimuler cette curiosité ! Quoi que j’ai voulu faire, ils m’ont encouragé ! Mes parents n’ont jamais fait de grandes études, ce ne sont pas des intellectuels. Ce sont des paysans avec un grand P c’est-à-dire avec les valeurs de la terre et cette valeur de vie que si tu veux quelque chose et que tu le mérites; tu l’auras !  Et c’est un sentiment très fort et je m’estime vraiment chanceux d’être né dans un environnement comme celui-là. 

Plus tard, vous direz à vos parents que vous allez étudier l’architecture, mais que vous ne seriez jamais architecte… 

Charles_kaisinOui (rire) c’était un peu un choc ! Pour moi, l’architecture a toujours été une formation, mais jamais une fin en soi ! C’est un peu comme tous ceux qui étudient le droit et puis qui travaillent dans l’économie où le journalisme où encore la criminologie… L’architecture représente, pour moi, cette possibilité d’ouvrir pleins de portes. L’architecture est une formation qui structure parce qu’il y a en même temps un esprit très créatif, mais très rationnel ! Moi, ça m’a aidé dans énormément de choses même encore aujourd’hui dans ce que je fais. 

Après vous partez à Paris, Londres et vous décrochez une bourse à Kyoto… 

Charles_kaisinOui Paris et Londres c’était l’idée de travailler pour des maîtres ! Si j’étais né au 19e siècle, j’aurais probablement frappé à la porte de Rodin, dans les années 30 chez Brâncusi, dans les années 40 Henry Moore, … Ce qui était important pour moi, c’étaient les ateliers et les maîtres ! Les ateliers parce qu’ils regroupent différentes personnes,  un tas de matières et d’expérimentations sur de la matière ! Et puis, les maîtres pour apprendre en observant… Et enfin les voyages pour découvrir et ouvrir son esprit à d’autres choses…acquérir d’autres compétences pour avancer et créer son propre style, sa propre identité. Cette bourse pour partir étudier à Kyoto m’a fait découvrir les origamis, les pliages et plissages…. 

Vous émergez à Bruxelles, en matière de design, avec le thème du recyclage qui a l’époque, on en parlait un peu, mais pas énormément… Comment l’idée est née ? 

Charles_kaisinOui pour le coup, j’étais précurseur, je peux le dire (rire) ! L’idée est née d’un côté très pragmatique… Quand j’étais étudiant à Londres, je n’avais pas un sou ! J’avais des projets à faire et je me suis dit : « Faisons d’une faiblesse, une force ». J’ai donc recyclé des bouteilles pour en faire des verres, des hublots de machines à laver pour en faire des saladiers, les écrans de télévision pour en faire des plats … C’était complètement fou ! Aujourd’hui, j’essaye encore d’exploiter ce thème dès que je le peux ! 

Aujourd’hui, j’ai l’impression que vous n’arrêtez pas. Vous enchaînez les projets : l’architecture, design et la mise en scène …

En ce qui concerne l’architecture, on a fait un hôtel au Maroc qui a été primé 17e par Forbes, j’en suis ravi ! Pour le design, on a créé des objets pour Hermes, il y a un service qui va sortir au mois de juin pour San Pellegrino… Beaucoup de choses pour l’aspect design qui sont encore en cours… Et puis, les dîners surréalistes ont pris énormément d’ampleur sans rien faire, c’est vraiment le bouche à oreilles. On a partagé dans les médias, mais de manière complètement spontanée, il n’y avait pas de calculs, il n’y a pas de boîte de RP derrière ! Et il y a vraiment beaucoup de demandes en Belgique comme à l’étranger ! On va faire un quatrième dîners Ice Watch pour l’Asie… On va également faire un dîner à Moscou pour un alcool chinois ! On est approché par énormément de maisons de produits de luxe ou par des privés qui nous demandent de faire du sur-mesure ! 

Justement quand on regarde les images et les vidéos de ces dîners, on ose à peine imaginer le travail que cela représente derrière… 

Oui ! C’est énorme ! C’est une production ! Pour moi c’est l’équivalent d’une production pour un opéra ! Là on va faire un dîner pour un projet en Italie et on aura plus de 1000 costumes ! Cela nous prend pour les grandes productions 6 mois au minimum…après pour les diners de 20 personnes c’est différent… Ce qui ne change rien en termes de créativité…Pour le centre Pompidou, nous étions 860 personnes ! J’ai bien évidemment toute une équipe derrière : j’ai des chefs de projets, régisseurs … On dessine tout, on présente aux clients, ils les valident et on lance la production. Les dîners surréalistes, c’est 5 choses : 1. un serveur pour 2 personnes pour que tout le monde mange en même temps; 2. pour chaque mets, il faut une tenue différente; 3. un thème , un fil conducteur; 4. on travaille avec un chef étoilé; 5 avoir des lieux hors du commun. Ces 5 critères font qu’on n’est pas dans un dîner, mais il y a un message, un fil conducteur où tout est cohérent. 

C’est finalement énormément de travail pour un seul soir…

Charles_kaisinOui ce qui est intéressant…On me reproche souvent de faire des événements pour des choses très luxueuses…mais ce que les gens ne voient pas, c’est que quand on fait un dîner pour 200 personnes, on est 400 – 450 personnes en backstage. Un serveur pour deux personnes, dans les intervenants on fait venir un choeur 50 personnes, un chef étoilé et son staff quasi 20 personnes; la sécurité, les hôtesses, les maquilleurs, les coiffeurs …et ça fait rayonner plein d’autres choses, car les gens s’habillent pour l’occasion donc ils vont acheter des vêtements, aller chez le coiffeur … Ça génère énormément de choses en terme économique…on a de la chance de faire vivre beaucoup de monde grâce à ces projets ! 

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Charles Kaisin : Facebook

www.charleskaisin.com