Faut-il aller voir « Aladdin » de Guy Ritchie?
BIY plonge avec vous dans les nuits magiques d’Arabie pour vous parler de la dernière adaptation Disney en date : « Aladdin ». Le film s’avère-t-il à la hauteur du dessin animé? A-t-il su retransmettre à la fois le merveilleux et l’humour délirant de l’original?
« Aladdin » exauce-t-il nos souhaits?
Suivez le guide…
« Aladdin » était une occasion en or pour les studios Disney. Ce classique adoré par toute une génération, riche d’une partition musicale époustouflante et d’une folie hilarante pouvait se prêter à une adaptation live moderne et jouissive. Guy Ritchie semblait être un choix judicieux. N’avait-il pas réussi brillamment à dépoussiérer Sherlock Holmes? Disney avait tout en main pour produire une œuvre merveilleuse…
Alors ce « Aladdin » : pur joyaux ou simple mirage?
Résumé :
L’histoire se déroule dans la cité imaginaire d’Agrabah, en des temps anciens. Aladdin, jeune pickpocket, et Jasmine, fille du sultan, s’éprennent l’un de l’autre à l’occasion d’une sortie incognito de Son Altesse, qui tait son identité véritable. Aladdin est prisonnier de sa pauvreté, et Jasmine est oppressée par la tradition voulant qu’elle convole avec un prince. Mais voilà qu’Aladdin met la main sur une lampe magique où est enfermé un Génie qui lui accorde trois souhaits… Devenu « Prince Ali », Aladdin ment à son tour sur son identité. En coulisse guette Jafar, le vizir fourbe du sultan, qui connaît d’ores et déjà les pouvoirs de la lampe.
Avis :
Après « La Belle et la Bête », « Cendrillon », « Le livre de la jungle » et « Dumbo », « Aladdin » vient compléter la liste des dessins animés classiques de Disney adaptés en prise de vue réelle. Pour ressusciter ce conte issu des Mille et Une Nuits, la Maison à la petite souris s’est offert les services de Guy Ritchie (« Snatch », « Sherlock Holmes »…), un réalisateur qui nous a habitué à une virtuosité visuelle et un humour rythmé et efficace. À première vue, le choix rêvé pour adapter ce classique délirant et survolté. Pourtant, même s’il poursuit ici dans la veine qui est dorénavant la sienne de faiseur de grosses productions hollywoodiennes mariant ses deux forces : l’action et l’humour, Guy Ritchie a perdu de son punch et de sa personnalité. Entre mollesse, demi-choix jamais assumé et renoncements, le réalisateur est bien loin d’étreindre toutes les possibilités qui s’offraient à lui, même si certains passages d' »Aladdin » demeurent éblouissants, comme par exemple cette scène d’ouverture merveilleuse filmée en un seul plan séquence.
Au niveau du récit, la principale différence avec cette version-ci et le dessin animé est que le personnage de Jasmine est beaucoup plus actif. Elle est encore forcée de choisir un mari qui gouvernera, mais cette fois, les raisons de son opposition à une telle union ne tiennent pas au fait qu’elle souhaite pouvoir épouser qui elle aime, mais au fait qu’elle entend régner elle-même le moment venu.
L’actrice et chanteuse britannique Naomi Scott est parfaite dans le rôle de Jasmine. Elle y apporte une vraie force et une belle profondeur. Elle signe une prestation puissante et émouvante particulièrement au moment de son interprétation de la chanson inédite « Speechless » (« Sans voix » en français) signée Pasek & Paul, compositeurs de « La la land ». Disney poursuit donc ici pour notre grand bonheur sa volonté d’offrir des héroïnes féministes, combattives et modernes.
Par contre, Mena Massoud, qui a la lourde tâche d’incarner le rôle d’Aladdin, bien que sympathique, ne se montre pas toujours à la hauteur, se contentant la plupart du temps de se réfugier derrière un sourire toutes dents dehors un peu artificiel. Sa prestation manque d’émotion et de subtilité, mais convient parfaitement à l’univers très Bollywoodienne du film.
Marwan Kenzari qui interprète le méchant Jafar est, lui, continuellement en sur-jeu. Malheureusement, le Vizir perd donc ici tout son machiavélisme et son aura maléfique. Pourtant, l’arc narratif du personnage a été enrichi puisque dans cette adaptation Jafar représente ce qu’Aladdin pourrait devenir si ce dernier faisait de mauvais choix.
Et Will Smith? Le moins qu’on puisse dire c’est que l’acteur était attendu au tournant. Difficile de passer derrière l’incarnation survoltée du Génie du regretté Robin Williams! Will Smith n’est pas Robin Williams et ni la star, ni le scénario ne cherchent à faire illusion. Le rôle a été réécrit pour correspondre à la personnalité de l’acteur de sorte qu’on adhère immédiatement à ce Génie, sorte de Prince de Bel-Air sous LSD, à son humour, à ses mimiques, à son charisme. De sa relation avec Aladdin en passant par son propre arc narratif, le showman partage une vraie implication, une vraie réinterprétation et une vraie générosité qui nous emporte avec bonheur.
En conclusion, malgré le manque d’incarnation de Guy Ritchie et d’une partie du casting, « Aladdin » est sauvé par une histoire qui a fait ses preuves, par un Génie d’exception, par une certaine gourmandise visuelle et des musiques et chansons exceptionnelles (signées principalement par l’Oscarisé Alan Menken). Il en ressort un bon divertissement qui même s’il n’exauce pas tout à fait nos vœux, brille par moment comme les nuits magiques d’Orient.