Jean-François Breuer:
« Recevoir le rire du public est une chose formidable! »
Jean-François Breuer a deux grandes passions dans la vie : la musique et le théâtre. Il ne manque pas de les combiner pour le plus grand plaisir du public. Habitué des planches du Théâtre de la Toison d’Or où cette saison il a joué et jouera avec brio « Frédéric » le sosie de Freddie Mercury. Un véritable challenge qu’il a relevé haut la main. On pourra le voir dès la semaine prochaine dans un registre plus léger et drôle avec « La revanche d’Ingrid ».
J’ai lu que ça avait été tout un parcours pour devenir comédien étant donné que vous aviez commencé par le piano…
Mon premier amour était la musique. Depuis tout petit, j’étais passionné par elle. J’ai donc fait du solfège, puis du piano. J’étais également inscrit dans une chorale dans mon village. Pendant 10 ans, je n’ai fait que de la musique et quand il est arrivé le moment de poser un choix sur ce que j’allais faire plus tard, je me suis rendu compte que le piano était une passion pour moi…je n’arrivais pas à jouer devant le public et je n’avais pas envie d’être seul chez moi à travailler sur mon piano…Et du jour au lendemain, j’ai voulu faire du théâtre. Avec la chorale, on en faisait déjà un peu…et ça me plaisait bien.
Et puis, il y a le conservatoire de Liège où vous êtes recalé deux fois…
J’ai été pris en déclamation et on m’a refusé deux fois en art dramatique, mais j’ai continué, car c’était ça que je voulais faire ! Après deux années passées en déclamation, j’ai passé pour la troisième fois l’examen d’entrée… Je me souviens, je leur ai dit : « Vous me prenez ou vous ne me prenez pas. C’est ça que je ferai de ma vie donc autant être formé ». Pour être honnête, il est vrai que la première année, j’étais arrivé chétif plutôt musicien dans l’âme (rire) ! J’ai donc été pris, mais un peu en sursis… Et j’ai continué…J’ai terminé mes études à Bruxelles.
Et c’est à Bruxelles que vous rencontrez tout le café théâtre de la Toison d’Or.
C’est Catherine Decrolier qui m’a fait rentrer dans cette équipe que je ne connaissais pas et qui sont finalement tous ceux avec qui je travaille toujours ! Nous avons créé nos premières pièces de théâtre qui ont commencé à tourner et Nathalie Uffner nous a permis de jouer dans la grande salle. Et c’est de là que tout a démarré… Il y a eu « Purgatoire » qui nous a lancé, puis « Délivrez-nous du mal » et puis « Enfer »…Puis nous avons fait une pause de 4 ans où tout le monde a eu de projets à gauche et à droite….On avait rencontré aussi Dominique Breda qui nous a écrit entre autres Purgatoire.
Justement, il y a peu de temps vous avez interprété à la perfection le sosie de Freddie Mercury dans le spectacle « Frédéric » écrit justement par Dominique Breda. Un spectacle qui a remporté un véritable succès, à tel point que des prolongations sont prévues en juin 2019. Comment ce projet est-il né ?
J’ai toujours admiré le personnage que Freddie Mercury avait créé…car ce n’était pas vraiment lui… Je trouve que musicalement, il a fait des choses incroyables. Je suis assez fan de sa musique et de son personnage. Je trouve que c’est vraiment la musique et le théâtre qui sont réunis à travers sa personne. Il y a 10 ans, on avait terminé un spectacle et nous étions tous dans le bar avec Dominique Breda entre autres. Une chanson de Freddie Mercury est passée et j’ai mis deux cacahuètes pour faire les dents (rire) ! Et tout le monde a vu la ressemblance… L’idée du spectacle est un peu née comme ça… C’était une sorte de délire, de fantasme pendant 10 ans ! Et il y a à peu près un an, Denis Janssens qui travaille au TTO est venu me trouver en me disant : « Si tu veux faire ton spectacle, c’est maintenant, car le film va sortir ». J’ai appelé Dominique Breda en me demandant si on allait vraiment le faire ou laisser ça en fantasme inassouvi… et Dominique Breda m’a dit : « On va le faire ». On s’est vu, on a beaucoup discuté. C’était vraiment une collaboration. De mon côté depuis mai 2018, je travaille sur l’adaptation des musiques. Je voulais que les musiques soient parfaites, car je savais que les gens en attendraient beaucoup. Puis, on a appelé Emmanuelle Mathieu pour avoir un regard extérieur et qu’elle nous aide pour la mise en scène…car nous manquions de recul. Elle a amené un univers dont je ne m’attendais pas… Un coté très Wembley que nous voulions ainsi que le coté touchant, drôle et émouvant… Car il y aussi ce côté touchant de la vie d’un sosie dont je voulais parler également.
Le 31 janvier commence la Revanche d’Ingrid au TTO également !
Oui et je retrouve tous mes collègues Catherine Decrolier, Thomas Demarez, Julie Duroisin, Xavier Elsen et Amélie Saye. Les répétitions ont commencé, il y a deux mois… C’était un peu difficile d’enchaîner les répétitions et le seul en scène avec « Frédéric »… Mais c’est toujours un plaisir de retrouver cette joyeuse bande ! C’est un savoureux mélange de différents mondes… C’est un peu comme si l’univers de Striptease rencontrait l’univers de supporters de l’Union…
Vous avez également fait un spectacle qui s’appelle « Le Pont » de prévention suicide qui tourne dans les écoles…
C’était un spectacle à la base pour le tout public et non pour le scolaire…Et puis, le scolaire est venu, le centre de prévention du suicide est venu me trouver. C’est un sujet qui me tenait à coeur pour des raisons personnelles. Ça fait 5 ans que les écoles viennent voir le spectacle. Chaque année, on sauve 5-6 élèves… Ces élèves appellent le centre de prévention du suicide… Il faut savoir qu’après le spectacle, il y a un débat en présence d’une psychologue. On se sent utile… Les choses ne se font pas pour rien.
Vous avez dit dans une interview que faire rire les gens était l’endroit où vous vous sentiez le mieux…
Moi quand je vais au théâtre, j’aime bien rire aussi… J’adore avoir une histoire qui me sort de mon quotidien et l’humour est une façon de s’en sortir…Tout en faisant passer des messages bien évidemment ! C’est ça qui me plait aussi… On peut détourner un sujet grave par la dérision. Ce qui permet aux gens de passer une bonne soirée et de réfléchir également après… C’est l’endroit où je dois me trouver pour le moment… C’est ma place… Après, je ne sais pas où je serai dans 5 ans ou dans 10 ans… Mais recevoir le rire du public est une chose formidable ! Car quand on joue, le public est un partenaire qui nous renvoie beaucoup aussi !
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Photos illustrant l’article : @Christophe Vanderborght
Remerciement à La Fabrique en Ville pour leur accueil