Mounir Ben Bachir est réalisateur de court métrage dont le dernier « Dernière Baraque » va bientôt sortir. Dans cette interview, sans masques, il nous explique son parcours, ses difficultés et les joies qu’il a pu rencontrer. Mounir Ben Bachir nous parle de son métier sans équivoque et avec passion !
Vous avez été diplômé en commerce et vous avez travaillé dans la finance. Comment passe-t-on de la finance à la réalisation de courts métrages ?
J’ai mis longtemps à savoir ce que je voulais faire dans ma vie. J’ai fait des études dans le commerce, en me disant que comme je ne savais pas ce que je voulais faire je pourrais toujours monter une affaire ou quelque chose comme ça. Après mon diplôme, j’ai travaillé dans des grandes entreprises…jusqu’à ce que je craque (rire) ! J’ai eu différents contrats, dans différentes boîtes et à chaque fois, je ne restais jamais longtemps. Je n’aimais tout simplement pas ce que je faisais…C’était si éloigné de moi. Quand j’ai décidé d’arrêter définitivement, je ne savais pas du tout ce que je comptais faire. J’aimais le cinéma, mais je n’étais pas un de ses passionnés qui connaissent absolument tout sur le sujet. Par contre, j’avais une fascination pour les appareils d’enregistrement que ce soit audio ou vidéo. Mais jamais au point de me projeter dans ce genre de carrière. Puis un jour, j’ai rencontré la petite copine de mon colocataire de l’époque qui réalisait la décoration lors de tournages de publicités. Elle venait de France et rapidement elle avait trouvé des petits boulots. Et c’est comme ça, que j’ai fini en régie pour une grosse chaîne.
Mais très vite de la régie, tu es arrivé au poste de directeur de production pour une émission à la RTBF…
Oui c’était assez dingue cette histoire (rire) ! Quand je suis arrivé, je me suis occupé du casting pour l’émission. On était deux, il fallait accueillir les gens. Puis pendant le prime, ils m’ont proposé d’être le lien entre les coulisses et le plateau. La productrice était enceinte, c’était une question de semaine avant qu’elle ne doive arrêter et le directeur s’est retourné vers moi en me disant: « Personne ne connait mieux le dossier que toi, tu n’as pas envie de reprendre ? » et j’ai tout de suite dit oui…sans vraiment savoir si ça allait bien se passer (rire) ! Et ça a été une super belle expérience où j’ai réalisé pas mal de capsules qui ont été diffusées à la télé. Et très vite, ça m’a donné envie de réaliser un film ou un court métrage. Cette expérience m’a également permis de me créer un réseau, car on rencontre plein de gens…et je me suis dit que c’était ça que je voulais faire : continuer à travailler dans ce domaine, rencontrer des gens et développer des projets. Et c’est ce qui est plus ou moins arrivé.
Puis après tu as fait des publicités, des clips et ton premier court métrage In Exequiel…
In Exequiel, c’était comme un examen pour moi. En commençant dans cette voie-là, je m’étais donné 3 ans pour voir si j’y arriverais. À la base, In Exequiel devait être un clip. Puis, j’ai fait tourner le scénario et quelqu’un m’a dit d’en faire un film…J’ai vraiment travaillé dur ce projet, pendant des mois… Je pense qu’à l’époque, je ne me sentais pas vraiment légitime. J’étais d’ailleurs, sur le tournage, celui qui avait le moins d’expérience (rire) ! Je n’ai pas écrit que le scénario, mais je voulais vraiment que tout tourne comme il faut…que ce soit pro, que ce ne soit pas un premier jet amateur…C’était un challenge, mais j’ai adoré et tout s’est super bien passé, car le planning était carré, tout avait été prévu et bien pensé ! Et j’avais les yeux qui brillaient, je vibrais de l’intérieur et je me suis dit « OK tu es dans la bonne direction. C’est ça que tu veux faire ! »
Et aujourd’hui, il y a « Dernière Baraque » qui va sortir et « white blood » avec la collaboration de la Y-house…
Oui « White Blood » est en réécriture donc il est dans l’oeuf !
« Dernière Baraque » va sortir… Ma collaboration avec
la Y-house, plus spécifiquement
le département qui s’occupe des films « Phoenyx Films », c’est juste parfait ! Vous savez, le plus compliqué dans ce métier c’est qu’on doit souvent faire plein de choses dont on n’a pas forcément les compétences. Par exemple, quand on est en postproduction c’est une source de problèmes : il faut aller chercher les budgets, les distributeurs …etc. Quand on est un jeune réalisateur, on doit souvent aller « séduire » des producteurs. Et moi, je ne suis pas doué pour faire ça (rire) ! Avec
Henry Gillet (fondateur et directeur de la Y-house), ça ne s’est pas passé du tout comme ça ! Et pour la première fois, je n’avais pas l’impression d’être face à quelqu’un qu’il fallait « séduire » ou jouer un jeu. Henry est quelqu’un de vrai ! Et quand, je suis arrivé pour finaliser «
Dernière Baraque« , je lui ai proposé sans façon et il m’a répondu « Ça tombe bien, j’ai engagé un producteur, je vais te le présenter ». J’ai rencontré
Yann Lerculeur qui m’a fait son analyse de «
Dernière Barque » et j’ai trouvé ça d’une justesse sans pareille ! Il voyait vraiment mon point de vue et les choses que je voulais expliquer dans mon court métrage. Aujourd’hui, le film a été envoyé à l’
agence belge du court métrage . C’est eux qui vont se charger de la distribution ! Quand je compare avec mon premier court métrage « In Exequiel » où je me sentais seul, où j’ai dépensé beaucoup d’argent pour la distribution en faisant souvent des mauvais choix…sans compter le temps et l’énergie dépensés pour monter des dossiers de subventions…c’est un total changement ! Depuis
la Y-house, ma vie est 1000 fois plus facile (rire) !
https://vimeo.com/246827043
Un projet un peu fou que vous voudriez réaliser ?
Je suis assez modeste en fait ! Je veux vivre dans un endroit chaud et venir faire mes longs métrages en Belgique. Je souhaiterais dans mes longs métrages critiquer le monde qui nous entoure. Utiliser les processus hollywoodiens de l’imagerie à l’envers en mettant mes points de vue, sans être trop frontal…
Plus d’info ?
Mounir Ben Bachir
La Y-house :
www.the-y-house.be