Badi :
le rappeur à la peau noire et au coeur blanc
Badi est un artiste qui mélange différents styles et genres de musique. Il n’aime pas qu’on l’enferme dans des petites cases, préfère rester un électron libre. Même si les chansons de Badi traitent souvent de sujets tristes, il arrive à tourner les choses de façon positive avec toujours beaucoup d’espoirs. Rencontre avec cet artiste au grand coeur, cet utopiste qui pense que l’on peut encore changer le monde…
Votre père était soldat et il est arrivé en Belgique en 1977, sans papiers. Un jour alors que vous êtes enfant, des policiers arrivent pour vous faire expulser. Que retenez-vous de votre enfance dans ce contexte-là ?
C’est un peu mitigé…J’ai de très bons souvenirs d’enfance aussi… En fait, pour être honnête, l’histoire des policiers ça m’est revenu plusieurs années après…comme un flashback. Mon cerveau avait probablement dû l’effacer ! Je me suis rendu compte que j’ai très peu de souvenirs d’enfance… Au moment de travailler sur l’album, j’ai eu envie de traiter de ces souvenirs-là… J’ai vraiment dû aller les rechercher, j’ai également beaucoup discuté avec mon père…c’est aussi la raison pour laquelle il se retrouve sur cet album à faire le narrateur…C’est vraiment comme un puzzle que j’ai remis en place. Après, je n’ai bien évidemment pas oublié l’école, les parties de foot, aller à la foire de Midi à Bruxelles (rire)…mais mon cerveau avait comme effacé les souvenirs les plus sombres !
Après vous êtes devenu un élève quelque peu dissipé à l’école, la musique a été un refuge à ce moment-là pour vous… Vous avez commencé d’ailleurs à rapper…grâce à Benny B (rire) ?
(Rire) oui, j’étais très jeune ! Vers 14 ans…Je n’aimais pas l’école par rapport à l’autorité qui s’en dégageait… À côté ça, j’ai toujours beaucoup lu et j’adore m’instruire d’une manière plus alternative… Rester assis sur un banc pendant 8 heures était plus compliqué pour moi. Donc oui à 14 ans, j’ai commencé à écrire mes premiers textes et Benny B c’était un phénomène à l’époque (rire), on le voyait au Club Dorothée (rire) ! Mais il n’y avait pas que ces influences-là ! Mon oncle qui jouait dans le groupe OK JAZZ, qui est un groupe mythique de rumba congolaise, m’avait offert un saxophone, j’adorais Michael Jackson et le HIP-HOP…C’était tout ce mélange de musique black américaine, de musique congolaise et de HIP-HOP qui m’attirait !
La musique est quelque chose qui se transmet dans votre famille ?
Complètement, mes parents ont toujours écouté beaucoup de musique et ma fille apparait dans le dernier clip qu’on vient de réaliser King Of the Congo. Mon fils de quatre ans rappe super bien. Ma fille est au solfège et mon plus grand me fait découvrir des choses, c’est ultra intéressant… Il écrit mais il ne veut pas encore me montrer quoi que ce soit (rire) ! Oui, c’est héréditaire dans notre famille (rire) !
Vous n’aimez pas trop qu’on vous mette dans des cases que ce soit pour vous ou pour votre musique. Vous dites souvent que vous êtes 100% Belge, 100% congolais, que vous avez la peau noire et le coeur blanc, …
Je n’aime pas le côté formaté, j’aime avoir la liberté de passer d’une chose à une autre. C’est un peu comme dans la vie… On peut commencer une journée super triste et bien la terminer. Dans ma musique, j’aime y mettre différentes influences et pas m’enfermer dans un style. J’ai déjà fait pas mal de choses différentes. Quand on regarde de grands artistes comme David Bowie, Madonna, Kanny West…ils ont connu plusieurs périodes comme dans la vie…Pour le moment, je suis dans ma période « Art Nègre » comme dirait Picasso (rire) ! Demain, je serai peut-être dans ma période bleue (rire) !
Vous êtes également fortement engagé dans des associations caritatives congolaises à Bruxelles, notamment avec AFEDE (=Action des Femmes pour le Développement) qui scolarise 50 enfants par an…
Oui c’est important pour moi. Car on me donne beaucoup et je pense qu’il faut rendre aussi ! Quand l’AFEDE m’a contacté pour m’inviter à un repas qu’ils organisaient. Et là, j’ai vu les photos de ces jeunes filles qui avaient été violées dans l’est du Congo. Les photos montraient comment ses jeunes femmes arrivaient à se reconstruire…Et à la fin, il y avait des photos de femmes qui souriaient…elles avaient retrouvé la paix…Et je me suis dit « Waoum » ! Je ne sais pas si, moi j’arriverais à le faire. De là, j’ai écrit le texte de la chanson « la plus belle pour aller danser » et tous les bénéfices ont été reversé à l’AFEDE. Après il y a d’autres engagements notamment le 14 juillet où je travaille avec la plateforme citoyenne…
Comment sera rythmé votre été ?
Le 24 juin, je fais deux concerts (rire) ! Un concert avec la Maison de la création. La place Bockstael a été aménagée et c’est l’occasion pour les gens de reprendre possession des lieux de manière festive. Il n’y a pas que moi, il y aura plein d’autres artistes comme Kel Assouf, Facteur cheval … Il s ‘agit d’autres artistes engagés qui viennent des quatre coins du monde pour représenter les différentes cultures. Je suis parrain de ce festival… Le deuxième concert est à Flazey. Le 30 juin, il y a l’inauguration de place Momba a Ixelles, le 8 juillet je suis au Wegimont festival et le 14 juillet c’est le Citizen Festival dont je suis le parrain également ! Je vais faire une carte blanche pour différents artistes à Bruxelles ! Il y a un nouveau single qui va sortir qui s’appelle « NDeka danse » car mon vrai nom est Badibanga Ndeka. Sans compter, la rentrée où il y aura beaucoup d’autres choses !