Chouna Lomponda :
« J’aime être là où on ne m’attend pas »
Rencontrer Chouna Lomponda, c’est rencontrer une femme pétillante, audacieuse et fonceuse… Ce sont toutes ces qualités qui font de Chouna Lomponda, une femme au parcours exceptionnel qui aime relever des défis et se lance perpétuellement de nouveaux challenges. Elle est fondatrice de l’asbl Success DiverStory et initiatrice de la campagne « De la réussite parmi vous ». Une campagne glam qui promeut les talents de personnes issues de la diversité. Rencontre avec cette femme d’exception.
Vous êtes belge d’origine congolaise, à quoi rêviez-vous quand vous étiez enfant ?
Quand j’étais petite fille, je voulais devenir journaliste ou actrice… Journaliste, je le suis devenue et actrice…je regrette un peu de ne pas avoir persévéré…Je ne l’ai pas fait tout simplement parce que mes parents n’étaient pas d’accord. Pourtant, il y a quelques jours, ma mère me disait qu’enfant j’étais déjà quelqu’un de fonceuse, audacieuse et obstinée. Je trouve que pour une femme, c’est assez important de garder comme qualité l’audace; important qu’une femme ne se mette pas de barrières.
Vous vous dirigez ensuite vers des études d’attachée de presse dans une école européenne. Qu’est-ce qui vous a motivé à faire ce choix ?
Ce qui m’a poussé dans ce choix, c’était la réputation de l’établissement. Cette école donnait un accès à la profession assez rapidement par des stages dès les premières années et en ça ils étaient assez novateurs comparés au système universitaire. Il y avait également des intervenants de qualité qui venaient de grandes chaînes de télévision qu’elles soient belges ou françaises. Il y avait donc un côté international qui m’a beaucoup séduite.
Ensuite, vous devenez journaliste et vous travaillez pour des chaînes comme la BBC , Télé Bruxelles (BX1), Télé Matongé…
Pour moi, il y a toujours un lien parce que ça reste dans les métiers de l’information et de la communication. Pour avoir travaillé avec l’adrénaline du direct, cela te permet d’assumer d’autres challenges assez élevés dans un secteur brassicole autrement concurrentiel. Chaque expérience m’a permis d’acquérir un bagage supplémentaire pour passer à l’étape supérieure et ça je trouve très intéressant…
Ensuite, vous devenez conseillère en communication politique à Kinshasa… C’est un tournant…
Oui avant ça, j’ai travaillé comme responsable de communication pour Heineken qui est un grand groupe multinational de brasseurs. L’avantage avec les études que j’ai suivies, c’est qu’elles m’avaient préparé aux métiers de la communication qui ne sont pas si éloignés que ça… Alors, oui passer du journalisme à responsable de communication pour un grand groupe, c’était un nouveau challenge à relever… Mais j’adore les défis…ça fait vraiment partie de ma personnalité. J’adore donner une autre direction dans ma vie. J’ai toujours vu ma vie comme ça : acquérir des compétences dans différents domaines et avancer avec différents bagages. J’ai été sollicité par la ministre du portefeuille qui est un ministère important, l’un des plus gros portefeuilles ministériels…j’avais été engagée pour communiquer sur les réformes. C’était assez intéressant de communiquer là-dessus et de conseiller la ministre dans sa communication, sur son image et celle du cabinet.
On ne va pas détailler tous vos différents postes dans la communication, car ils sont nombreux… Je vais par contre arriver en 2011 où vous devenez responsable de la communication et porte-parole au Musée Juif de Belgique…
Oui, je reviens un peu à mes premiers amours… Quand j’étais éditrice à Télé Bruxelles, aujourd’hui BX1 je faisais l’agenda culturel, je sortais régulièrement, car il m’était impossible de parler d’une pièce de théâtre si je ne l’avais pas vue, où d’un musée si je n’y avais jamais mis les pieds… La culture est quelque chose qui m’apportait beaucoup de plaisir… Alors la culture juive m’intéressait depuis longtemps puisque j’avais vécu un moment en Israël…Même si la culture ne m’était donc pas étrangère en devenir le porte-parole était un défi à nouveau… Mais j’aime être là où on ne m’attend pas.
Avec l’attentat, vous vivez une période un peu délicate… Il faut faire revenir les gens dans un lieu qui a connu l’horreur et puis vous mettez en place les cafés croissants, un partenariat avec les Nuits Blanches, l’urbain Trail…
On ne peut rien vous cacher (rire) ! C’est un lieu très inspirant qui m’a permis d’avoir une palette d’interlocuteurs que ce soit comme vous , des journalistes ou encore des scénographes, des artistes… Après les attentats, la question était comment rebondir ? Le premier événement que j’ai organisé a été l’urbain Trail. C’était un véritable de défi que de faire venir 7500 coureurs au musée Juif et de leur faire découvrir l’exposition Henri Cartier-Bresson ! Je travaille également sur la programmation pour la rendre variée comme avec la création des soirées littéraires. Ma première invitée c’était Valérie Trierweiler autour de son ouvrage : « Le secret d’Adèle ». Ça fait partie des événements que j’ai pu mettre en place pour participer à rendre cette institution très dynamique.
Aujourd’hui, vous avez lancé un projet qui s’appelle de la réussite parmi vous… Comment est née l’idée ?
Un jour, j’étais en train de faire une revue de presse et je suis tombée sur un article dans un grand quotidien qui parlait de la carence des diplômes et de la pauvreté à Bruxelles et en guise d’illustration il y avait un noir et des Arabes. Pour moi, c’était à nouveau une image stigmatisante à laquelle les médias n’échappent pas toujours. L’idée alors de faire une campagne qui agisse dans la durée et la pérennité, est née. Je me souviens très bien être derrière mon ordinateur dans la chambre de mes fils en train de surfer sur le NET et je tombe sur cette photographie d’Anna Lebovits des oscars et je me suis dit « pourquoi ne pas partir de cette photo en présentant des corporates de manière glamour »… Glamour parce que je voulais sortir de ce prisme du misérabilisme. Je me suis dit que j’allais rassembler des expertises différentes, des personnalités qui avaient réussi. Je voulais banaliser cette réussite au sein de la diversité et montrer que ce ne sont pas des exceptions. Il y en a plusieurs, il suffit simplement de les mettre en lumière pour s’en rendre compte. Il faut changer les perceptions car quand on parle de racisme, on parle d’un problème de perception. Je trouvais important de choisir des personnes qui soient accessibles… Cette campagne s’articule autour d’une exposition sur les grilles du Parc Royale, d’une caravane pédagogique qui emmène ces profiles raconter leur histoire, leur parcours dans des écoles… et il y aura un livre. J’en suis très fière. Nous avons été approchés par une maison d’édition qui souhaite faire un livre de la campagne à destination des professeurs et des élèves. Avec cette campagne, on touche cette jeune génération pour pouvoir faire un travail de changements dans la durée.
Plus d’info ?
Site Internet #DeLaReussiteParmiVous : www.sdstory.org
Facebook #DeLaReussiteParmiVous : ici
Photo illustrant l’article : @Christophe Vanderborght