Le film du mercredi:
Le Jour d’Après, Hong Sang-soo

Le réalisateur sud-coréen Hong Sang-soo a présenté son dernier film, Le Jour d’Après durant le dernier festival de Cannes.

On y suit les doutes et les tourments de Bongwan, un éditeur d’une quarantaine d’années. Tout débute avec l’arrivée d’Areum, sa nouvelle assistante. Ce prétexte permet de soulever le voile sur la crise que Bongwan a traversée. En filigrane se dresse le portrait de Changsook, qui occupait le poste avant Areum et avait entamé une liaison avec son employeur. Vous pourriez imaginer une histoire de mœurs classique ou tirant sur le larmoyant et la facilité, sauf que Hong Sang-soo est d’une délicatesse sans nom. Dans un noir et blanc apaisant, les personnages déambulent dans un Séoul hivernal. On y observe leurs hésitations, leurs atermoiements.  Le réalisateur ne juge pas ses personnages et nous montre les effets d’une passion avec une beauté sereine. Chacun a ses raisons, il n’y a pas de morale facile à tirer de cette histoire. Il s’agit d’un homme qui se met à accueillir le trouble et essaie d’y réagir tant bien que mal. L’adultère apparaît comme une respiration vitale pour lui, sans pour autant savoir ce qui est le bon choix, s’il existe. Durant une scène touchante, il court dans dans la capitale enneigée, en pleine nuit, jusqu’à s’époumoner, devenir à bout de souffle et faire sortir tout ce qui s’agite en lui. Pas besoin de mots, tout est dit avec le corps, subtil et percutant. Les portraits de femme, entre l’amante, l’épouse et l’assistante, sont dépeints par petites touches impressionnistes, un geste, une parole, suffisent à nous faire prendre conscience de leurs caractères, désirs et frustrations. Cinéaste de l’épure, Hong Sang-soo dissèque les relations au microscope avec un oeil à la fois aiguisé et plein de compréhension.