Saule :
« J’ai eu raison de me faire confiance ! »
Rencontrer Saule, c’est un peu comme rencontrer un ami, qu’on aurait plus vu depuis un certain temps, et avec qui on aurait envie de partager pleins d’histoires. Il a cette décontraction, cette facilité d’accès, une simplicité dans l’échange… Saule a un parcours plus que remarquable qu’il se doit à lui, à sa passion, à sa créativité et à son envie de rester lui-même et de rester vrai…
Tu es né à Mons, en 1977, d’une mère sicilienne et c’est via elle que la musique est entrée dans ta vie ?
Oui, mon oncle, le frère de ma mère, a toujours été dans la musique. Dès qu’il y avait une fête de famille, il prenait sa guitare et il chantait ! Il a même sorti un 45 tour ! C’était essentiellement des chansons typiques du folklore sicilien… Donc dans la famille, on a toujours chanté (rire) ! Mon cousin fait également de la musique, mais lui il a complètement switché vers le métal ! Son groupe « Coma » joue toujours dans la région de Mons. Et un jour, mon cousin m’a emmené au Festival de Dour, il y jouait….et à 14 ans, j’ai découvert les backstages et je me suis dit que c’était ça que je voulais faire : revenir un jour et y jouer ! Et c’est ce que j’ai fait une fois avec My second Skyn et une deuxième fois avec Saule. Donc oui, la musique a toujours été omniprésente dans ma famille.
Pourtant, tu as fait le conservatoire pour devenir comédien…
Oui, effectivement ! Je termine ma rhéto et j’annonce à mes parents que je veux devenir musicien. Ma mère, à juste titre, me dit que je ne pourrai jamais rentrer au conservatoire de musique parce que j’ai toujours été autodidacte et que je n’ai jamais suivi un seul cours de solfège… Je me décide de faire l’IHECS à Bruxelles et au bout d’un an, j’en ai marre, je réalise que ce n’est pas ça que je veux faire de ma vie. J’abandonne et je présente l’examen d’entrée au conservatoire de théâtre ! À nouveau, ma mère joue un peu les garde-fous…mais j’y vais ! Je présente donc l’examen d’entrée à l’INSAS et je me fais ratiboiser et en même temps celui du conservatoire de théâtre où je suis prit ! Je pense que j’ai dû aller voir à quatre reprises la feuille des résultats tant je n’y croyais pas (rire) ! L’examen avait été plus que catastrophique : j’avais étudié un monologue, il ne fallait pas ; le professeur m’arrête 5 fois; … J’avais vraiment tout fait à l’envers, mais les profs recherchaient des personnalités plus que de la technique ! Et pendant toutes ces années, j’ai travaillé sur ma posture, ma diction, mon accent … Aujourd’hui, encore sur scène, je travaille tout ça !
Et tu arrives dans la musique pendant le conservatoire…
Pendant le conservatoire, j’avais un groupe de punk hardcore…C’était très drôle : pendant la journée j’étudiais du Molière ou du Shakespeare et le soir, j’hurlais dans un micro et je faisais du métal ! L’examen final au conservatoire est public. Les étudiants présentent donc des saynètes. Et une prof, que j’adore, nous dit : « ce serait bien qu’il y ait un lien entre les scènes, histoire de fluidifier les passages entre une scène de film et une scène de théâtre. Ce serait chouette qu’il ya ait un lien musical ». Bien évidemment, elle nous regarde. Et c’est là que j’ai commencé à écrire mes premières chansons en français ! En les jouant, j’ai eu des super bons retours et ça m’a donné envie de continuer… Dans mes groupes de rock, il y avait toujours quelque chose qui me frustrait à savoir qu’il y a toujours une sorte de démocratie… Tout le monde donne son avis sur tout. Je ne pouvais jamais aller au bout d’une idée, car il fallait composer avec le groupe…ce qui est normal et qui fait la richesse des compositions…mais moi, ça me frustrait parfois…C’est comme ça que Saule est né. Par l’envie de vouloir tout faire tout seul…
Puis, c’est un peu l’explosion notamment avec Franco Dragone qui fait la scénographie du concert…
On est à la fin de la première tournée et je suis heureux, car mon but dans ma vie, à ce moment-là, était de sortir un album qui se trouverait dans les magasins et pas chez les copains (rire) ! À ce moment-là, je ne savais pas quelle serait la pérennité de Saule, j’appelais ça d’ailleurs « un projet »…et puis on devient disque d’Or…Et un des employés de la maison de distribution PIAS, Yves, connait super bien le bras droit de Franco Dragone. À ce moment-là, on accusait un peu Dragone de ne favoriser que les stars d’autres continents et de ne pas être attentif aux groupes en Belgique. Dragone en écoute pas mal et se met en tête de vouloir faire la scénographie d’un groupe comme Girls In Hawaii ou Ghinzhu… et Yves dit à Dragone que s’il souhaite faire coexister son univers avec celui d’un chanteur, il en connait justement un qui correspondrait bien, en Français… Il lui envoie notre premier EP sur lequel il y a Madame Pipi et là Franco Dragone appelle Yves, il est alors dans un taxi à Macao et il lui dit : « Ça fait 4 fois que j’écoute Madame Pipi, j’adore. Il faut que je le rencontre ! »… Et ça nous a catapulté sur des grosses scènes…J’en ai un magnifique souvenir de ce spectacle !
Et puis, il y a une rencontre déterminante : celle avec Charlie Witson… Une rencontre relativement improbable…
Complètement improbable ! J’étais invité sur France Inter à une émission qui s’appelle « le pont des artistes ». Et la présentatrice,
Et là, il y a un nouvel album qui va sortir…
On va faire un 4 titres ! J’ai toujours regretté les albums où on ne laissait pas les choses se poser pour pouvoir prendre du recul et y revenir. Donc 2019, il y aura un nouvel album. Il y a le cinéma aussi… Je suis revenu au cinéma avec « Une part d’ombre ». Et même si j’ai eu du mal à me voir sur grand écran, ça m’a donné envie de collaborer sur un film de A à Z : de l’écriture à la réalisation en passant par la musique. Et puis, il y aussi Zombiekids qui part vraiment d’une commande pour la ville de Mons. J’avais envie de créer quelque chose qui soit aussi bien pour les parents que pour les enfants ! Et ça a cartonné, on devait faire 3 dates et finalement on a dû refaire des dates et un album ! Du coup, Zombiekids sera au festival LaSemo , Francofolies de Spa,et le 31/10 à la Madeleine à Bruxelles et le festival des solidarités !
Quand tu prends du recul et que tu regardes ton parcours, tu te rends compte de tout ce que tu as réalisé…toi qu’on appelait à l’école le paratonnerre ?
(Rire) oui ou le géant vert ! Plus jeune, j’étais angoissé à l’idée de ne jamais trouver de boulot, j’avais peur que personne ne veuille de moi, car j’étais atypique, etc. Ce que je retiens, c’est que j’ai créé l’envie chez les autres. J’ai généré des projets moi-même… J’ai finalement gagné ma vie en faisant du moi. C’est ma plus belle leçon ! Et aujourd’hui, je me dis que j’ai eu raison de me faire confiance !
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