Raph du What the Fun:
« Le Belge adore le Stand Up, c’est juste qu’il ne le sait pas! »
C’est en automne 2015 que Raph (Raphaël Schröder) et Rudy (Lejeune) ont créé What The Fun, un Stand Up Comedy à l’américaine. What The Fun est un collectif ouvert à tous. Humoristes chevronnés et amateurs se passent le micro d’égal à égal pour s’essayer à l’humour ou tester un nouveau spectacle. Rencontre avec Raph qui nous explique son parcours…
Est-ce que petit, vous aimiez déjà faire rire ?
Petit avec mes frères, on imitait Michael Jackson. On s’amusait comme ça. Cette passion est venue plus tard avec l’école quand j’ai commencé à faire du théâtre. Plus je grandissais et plus je faisais du théâtre. D’abord à l’école secondaire, puis à l’université où j’ai participé aux revues. Lors des revues, les étudiants faisaient des imitations des professeurs pour se moquer. Ça m’amusait beaucoup ! Durant cette période, j’ai également découvert l’improvisation théâtrale. J’adorais ce côté plus spontané. Comme ça me passionnait, j’ai fait des recherches sur le Net et je suis arrivé à des humoristes américains qui se produisaient lors de Stand Up. J’ai absolument tout dévoré. Je regardais un moment un spectacle d’une heure par jour ! Il faudra attendre que je sois à Paris dans le cadre d’un stage, pour un soir, monter sur une scène et faire mon premier Stand Up.
Justement, on parle de l’université et du stage parce qu’en parallèle à cette passion, vous avez fait des études en droit à l’Université Catholique de Louvain…
Oui depuis tout petit, j’étais passionné par la diplomatie. C’est quelque chose que j’ai toujours voulu faire. Le droit étant une bonne carte pour se lancer après dans ce domaine-là, je me suis donc dirigé vers ces études. J’avais également en tête de faire l’école nationale du théâtre à Berlin en Allemagne. J’hésitais entre les deux. Et puis en y réfléchissant, je me suis dit que rien ne m’empêchait de continuer ma passion artistique en faisant mes études…. au lieu de tout miser sur cette passion avec le risque que si ça ne passait pas, je me retrouvais sans rien d’autre.
Vous remportez d’ailleurs le concours international de l’université Paris-Nanterre qui vous offre la possibilité de faire un stage à Paris…
Exactement, je suis donc arrivé dans le cadre de mes études à Paris et je me suis dit que j’allais tenter le Stand Up. Je me suis présenté à quelques bars qui faisaient ça et en un mois, j’avais joué 6 fois dans 3-4 établissements différents sans connaître personne et sans aucun réseau ! J’étais enchanté ! Quand je suis rentré à Bruxelles, j’ai bien évidemment voulu faire pareil, mais il n’y avait rien… Excepté, le Kings Of Comedy Club qui faisait une scène ouverte à l’occasion et un concours… Il n’y avait pas grand-chose comme opportunité, si tu n’étais pas connu. Et c’est un peu comme ça que le What The Fun est né…
Vous êtes deux à avoir fondé le What the Fun, Rudy et vous… Comment vous vous êtes rencontrés ?
On s’est connu à l’université, nous étions dans un kot à projet. Une collocation d’étudiants qui travaillent sur un même projet. Il faisait des études en physique et on s’est rencontré réellement par l’improvisation. Nous avons habité pendant un an ensemble et déjà pendant cette année, nous organisions des spectacles d’improvisation. Ça se passait super bien. C’est donc tout naturellement que quand l’idée de créer What The Fun est née, Rudy était de la partie. Nous avons fait le tour des bars de Bruxelles et nous avons eu beaucoup de refus au début. Je comprends (rire) ! Nous n’avions pas de page Internet, aucune présence sur les réseaux sociaux, personne ne nous connaissait ! Et finalement, on a eu la chance de tomber sur Stéphane Coteaux qui est le gestionnaire du café Floréo et qui nous a permis de faire une première scène. Cela s’est bien passé donc nous avons décidé de faire ça, une fois par mois. Puis le Black Sheep nous a contactés… Puis de plus en plus de bars nous ont contactés… Il y avait un véritable engouement non seulement de la part des bars et du public qui était de plus en plus nombreux, mais également des artistes qui avaient là une réelle opportunité de se faire découvrir et de pouvoir jouer et tester leur spectacle sur différentes scènes.
J’ai lu que vous aviez commencé à 6, vous y compris, et aujourd’hui vous êtes plus de 60 artistes…
À la base nous étions 5 ! Il y avait Rudy et moi et 3 filles qui avaient fait le concours du Kings Of Comedy Club. La première scène était avec elles à qui on avait proposé un peu en dernière minute et elles avaient accepté. Aujourd’hui sur le groupe Facebook des humoristes de What The Fun, nous sommes 120, mais 67 montent régulièrement sur scène.
Comment vous sélectionnez et vous gérez les artistes ? Parce qu’il n’y a pas de casting…
Non, car nous n’avons pas la science infuse. L’humour est très subjectif ! On peut rire de certaines choses que d’autres personnes ne trouvent pas drôles et l’inverse. Et puis, il y a le contexte de la soirée. Le juge final est le public quoiqu’il arrive. Quand nous préparons les soirées, nous faisons attention à quel humoriste on va placer à quel endroit. Par exemple, si un humoriste fait référence au métro bruxellois, il y a plus de sens de le faire jouer à Bruxelles qu’à Charleroi. Il y a de toute manière, une soirée test pour chaque humoriste qui se présente. Il monte sur scène pendant une soirée et après il décide si ça lui plaît ou pas de continuer. Nous travaillons beaucoup avec Facebook qui est un outil génial pour ça. Nous envoyons un Doodle dans le groupe et ils décident des dates qui leur conviennent.
Les soirées What The Fun sont ouvertes à tous puisqu’il n’y a pas de prix d’entrée seulement un chapeau qui circule à la fin où les spectateurs mettent le montant qu’ils veulent. Est-ce que les artistes s’en sortent avec un système comme celui-là ?
Rudy et moi avons cette volonté de rendre un maximum aux artistes. C’est la raison pour laquelle, nous ne sommes pas rémunérés en ce qui concerne l’organisationnel. Nous percevons quelque chose quand nous montons sur scène comme les autres artistes. Quand on a commencé, nous n’étions pas connus. Si on avait organisé une soirée à 10€ l’entrée avec des humoristes pas connus, je pense qu’il y aurait eu que ma famille dans la salle. Cela aurait été dissuasif ! Il fallait donc créer une porte d’entrée, car le Belge adore le Stand Up, c’est juste qu’il ne le sait pas. De plus, le Stand Up fonctionne quand il y a une masse gens dans le public. C’est toujours plus compliqué de faire rire 7 personnes que 100… Le rire est communicatif ! Et quand le public paye 10€ l’entrée, ses attentes vont être plus élevées, car quelque part il a payé pour rire. Quand l’entrée est gratuite, nous avons la bienveillance du public…
Peut-on parler d’une famille What The Fun ?
C’est exactement ça ! On le dit tout le temps ! On l’a vraiment ressenti, il y a quelques semaines lors de notre 100e spectacle. Il y avait 50 humoristes qui montaient sur scène. Nous étions aux Halles Saint-Géry et les loges étaient dans les caves. Imaginez des loges avec 50 humoristes qui se marraient ! Avant de monter sur scène, on s’est quasi tous fait un câlin (rire) ! En tant qu’organisateurs, on se sent respectés, car les humoristes prennent ça à coeur… Ils arrivent à l’heure, ils prennent ça très au sérieux et nous on leur offre des scènes et des opportunités. Je les adore tous ! Quand j’arrive à un endroit, je me réjouis de les retrouver. Ce ne sont pas des collègues ou des employés… ce sont des amis ! C’est une grande famille et ça fait du bien d’en faire partie !
Plus d’info ?
Site Internet : www.whatthefun.be
Photos : @Christophe Vanderborght