Zidani :
l’humoriste préférée des Bruxellois !
Zidani est humoriste et comédienne bien connue en Belgique comme en France. Depuis plusieurs années, elle nous fait rire et réfléchir avec cette vision sur le monde et les choses. Ses spectacles sont un savoureux mélange d’humour, de cynisme, de belgitudes et de chants ! Rencontre avec cette artiste aux multiples talents !
Vous êtes née à Bruxelles, d’un père d’origine algérienne de religion musulmane et d’une mère belge et de religion catholique. Comment s’est passée votre enfance au milieu de ce mélange d’origines et de religions ?
Très bien en fait… C’était un bon mélange. Mon père est arrivé en Belgique à 18 ans et il travailla 5 ans à la mine. Ma maman avait eu un premier mari qui était décédé, elle avait eu des enfants avec lui. Elle rencontra mon père et me donna la vie. J’étais donc la petite dernière, la cinquième. Mes frères et soeurs ont eu une éducation catholique traditionnelle quand à moi on me laissa tranquille avec les religions. J’appris beaucoup plus tard que ma mère m’avait fait baptiser en cachette à la chapelle de l’hôpital où je suis née. A l’époque, je me convertissais au protestantisme et je devais me faire baptiser. Mon père me laissait ma liberté de penser et de faire ce que je voulais. Ma mère était choquée que je choisisse le protestantisme et c’est là qu’elle a avoué que j’étais déjà baptisée ! C’était assez cocasse et drôle ! Aujourd’hui, je ne suis plus attachée à une religion, je ne me sens pas spécialement protestante, mais je suis mystique c’est-à-dire que j’ai besoin de spiritualité dans ma vie. La religion a quelque chose d’un peu trop formaté. La vie est comme un livre… qui nous permet de comprendre ce et ceux qui nous entourent.
Vous faites des études à l’ULB en histoire de l’art et puis vous devenez professeur de religion protestante…
Une fois mes études terminées, je cherchais du travail. Et j’ai envoyé un seul CV et c’était pour ce poste-là. J’ai fait un remplacement de 3 mois qui a duré 10 ans. Ça m’a beaucoup plu ! J’avais peu d’élèves et ils étaient petits, entre 7 et 12 ans. J’adore cet âge-là car ils sont très éveillés à toutes les questions de religion. En parallèle, j’ai suivi une formation de « Cultures et Religions » pour avoir plus de connaissances dans le domaine. J’ai continué à être professeur en parallèle de ma carrière d’humoriste jusqu’au moment où ça n’a plus été possible de combiner les deux.
Justement, devenir humoriste était quelque chose qui vous collait à la peau…
Oui, je l’ai découvert à mes dépens. Je faisais une pièce de théâtre et je me suis rendu compte que je faisais rire et ça m’a beaucoup plu ! Je me suis également rendu compte qu’avec le rire, on peut dire beaucoup de choses. Pas que j’aime transmettre des messages, mais j’aime raconter ce que je vois et avoir un point de vue sur les choses. C’est cette raison-là qui me poussait à être humoriste pour écrire mes textes… Cela existait déjà au temps de Molière ou Montesquieu qui racontaient avec beaucoup d’humour ce qu’ils voyaient autour d’eux. Finalement, c’est souvent les confrontations aux cultures différentes qui créent l’humour automatiquement.
Ensuite, il y a toute une série de One-Woman-Show et pour l’exposition universelle de 1998 au Portugal, vous créez un faux tube « Wallonia 2000 » qui fait un petit scandale…
Tout comme j’aime la spiritualité, j’aime faire rire, j’aime raconter mon point de vue, j’aime chanter. Même si la chanson avait été validée en amont et qu’en Belgique, ils avaient trouvé ça super. Sur place à l’inverse, ils n’ont pas du tout aimé. C’était une cérémonie où on remettait des prix aux entreprises belges qui se sont développées au Portugal. Le ton était assez sérieux. Donc moi qui chantais avec une scie pour imiter le concours Reine Élisabeth pour enchaîner avec Wallonia 2000 ! Les politiques sur place n’ont pas du tout apprécié ! C’était rigolo de faire un petit scandale comme ça !
Et puis, il y a la France avec un nombre incalculable de passage à l’émission « On n’demande qu’à en rire » sur France 2 où vous récoltez beaucoup de points et les louanges du jury.
Oui, j’étais la seule belge à rester là-bas. C’était un véritable challenge d’adapter l’humour belge, que ce que je racontais ne soit pas spécialement lié à la culture belge. C’est toujours très intéressant de s’adresser à une autre culture. J’avais connu ça lorsque j’avais joué en Algérie. Il faut apprendre à retravailler son texte pour arriver à parler aux gens d’une culture différente et de les faire rire. Finalement, une personne d’ici ou d’ailleurs aura toujours les mêmes envies, les mêmes désirs … Ça donne des textes plus universels. L’émission sur France 2 m’a appris beaucoup de choses ! Puis ça m’a permis d’acquérir un public français. Chaque semaine, je faisais quelque chose de différent. C’était un véritable challenge ! C’était stressant, mais palpitant ! À côté de ça, on jouait dans des salles à Paris. Il fallait vraiment créer des personnages et écrire des textes en peu de temps !
En me documentant, j’ai lu qu’en plus de l’humour, du chant, vous peignez également.
Oui, l’image est très présente dans mon esprit. Dernièrement, j’ai créé un Babar avec la pianiste Éliane Reyers. On en a fait un conte musical. C’était la première fois que je faisais ça et ça m’a beaucoup plu ! L’humour est mon cheval de bataille, mais mon don artistique est plus large. Dessiner est un véritable plaisir. Avec ce projet Babar, on a fait un parallèle avec les migrants.
Vous êtes très engagée dans l’humanitaire puisque vous êtes « marraine » d’ Amnesty International en 2004, de la Fondation Roi Baudouin en 2007 et plus récemment « Les amis de sœur Emmanuelle ».
Chaque année, je parraine une autre association. Quand on est artiste, on a cette chance de pouvoir toucher plus de monde. C’est important d’être engagé. Parfois aussi ce sont des projets plus ponctuels. Je reçois beaucoup de propositions par an et je choisis celles qui me parlent le plus. Parfois, ce sont des associations très connues, parfois elles le sont beaucoup moins. Je suis mon coeur…car de toute manière je donnerai du temps. Je ne peux pas donner du temps si je n’y crois pas.
Et cette année, plusieurs dates pour « Retour en Algérie » et bien d’autres choses…
« Retour en Algérie » au théâtre 140, puis à Charleroi et à Liège. Ensuite, « Quiche toujours » qui continue de tourner ainsi que « Et ta soeur »... « Quiche toujours » parle du féminisme, des droits des hommes et des femmes, la question des genres et des droits humains. « Retour en Algérie » c’est un peu mon histoire, mais on parle également du voyage. Beaucoup de choses à raconter…avec toujours beaucoup d’humour !
Un projet un peu fou que vous voudriez réaliser ?
Je souhaiterais faire un voyage en Antarctique. C’est un rêve que j’ai depuis longtemps…mais je pense que ça restera de l’ordre du rêve car je ne supporte pas le froid (rire) ! Mon prochain spectacle, je vais l’appeler : » Les pingouins à l’eau » !