« La soeur de Jésus-Christ » enflamme le Poche
Dans le spectacle, joué au Théâtre de Poche, « La soeur de Jésus-Christ », tout est parfait : l’histoire coup de poing signée Oscar de Summa, le jeu du comédien- Félix Vannoorenberghe- qui interprète tous les personnages avec un talent incroyable, la musique jouée en live par Florence Sauveur et la mise en scène signée Georges Lini. Une pièce forte qui parle avec intelligence des violences patriarcales.
L’histoire de « La soeur de Jésus-Christ » :
Dans ce village du sud de l’Italie, tout le monde est affublé d’un surnom. Simeone, le frère de la jeune Maria, on l’appelle Jésus. Il ressemble au Christ dont il joue le rôle lors de la Passion du vendredi saint.
Maria, c’est cette jeune fille qui s’empare du pistolet Smith & Wesson 9 mm dans le buffet de la cuisine. Elle quitte la maison, l’arme à la main. Elle marche en direction du village. Elle se rend chez Angelo le Couillon le jeune homme qui lui a fait violence la veille.
Le village prend sa suite, finissant par former un cortège bigarré : le président du club des chasseurs, les employés de la casse-auto, le garagiste, les bikers du coin, la vieille institutrice, les voisines envieuses de la jeunesse de Maria. Et de sa beauté. Chacun y va de son anecdote sur Maria, livrant tour à tour chaque pan de sa vie. Il y a ceux qui l’encouragent, ceux qui veulent la dissuader, mais rien ni personne ne pourra l’arrêter, lui faire lâcher son arme, pas même sa famille, pas même les gendarmes.
La soeur de Jésus-Christ c’est un western moderne mis en scène par Georges Lini (Iphigénie à Splott)
Notre avis :
Maria, c’est cette femme sur trois victimes de violence patriarcale dans le monde sauf que Maria, elle, a décidé de faire justice elle-même. Rien, ni personne ne l’arrêtera. Au fur et à mesure que les villageois la voient passer l’arme à la main, ils veulent la raisonner, mais face à son silence, sa détermination; ils finissent par se ranger derrière elle pour l’escorter à sa destination finale. Cette foule, c’est notre société qui chaque jour, raisonne les femmes pour qu’elles se taisent, qu’elles ne portent pas plainte, qui les remettent en question, jouent sur les « tu l’as bien cherché », les critiquent sur leur façon de s’habiller… C’est aussi tous ceux qui sont là, sans rien dire, parce qu’ils ne savent pas quoi dire…parce qu’il n’y a rien à dire. Et toutes celles, comme Maria, qui n’ont pas eu le courage de dénoncer l’indénonçable.
Jamais on n’entendra la version de Maria. Tout ce qu’on sait d’elle, vient de cette foule. Félix Vannoorenberghe incarne tour à tour les personnages qui la composent. Devant nos yeux, il revêt un habit, un accessoire et incarne magistralement un personnage. Sur scène, Florence Sauveur, musicienne et compositrice l’accompagne et lui donne la réplique en notes. Ils forment un duo où textes et musique s’accordent et s’assemblent. Georges Lini signe, une nouvelle fois, une mise en scène forte, intelligente dont la pièce nous hante encore plusieurs jours après l’avoir vue…
En sortant de là, tout ce qu’on espère au plus profond de notre être… C’est qu’il y ait un jour, une Maria pour faire basculer le collectif du côté cette fois, des victimes.
Plus d’info :
La Sœur de Jésus-Christ
De Oscar de Summa | Traduit par Federica Martucci | Du 16 mai au 3 juin 2023
De Oscar de Summa | Traduction Federica Martucci avec le soutien de la Maison Antoine Vitez, traduction lauréate de l’ARTCENA | Mise en scène Georges Lini | Avec Félix Vannoorenberghe | Musicienne et compositrice Florence Sauveur | Collaboration dramaturgique Nargis Benamor |Création vidéo Sébastien Fernandez | Scénographie et costumes Charly Kleinermann et Thibaut De Coster | Création lumière Jérôme Dejean | Direction musicale et composition François Sauveur | Création sonore et composition Pierre Constant | Une coproduction du Théâtre de Poche, de la Compagnie Belle de Nuit, de La Coop asbl et Shelter Prod. Avec le soutien du taxshelter.be, ING et du tax-shelter du gouvernement fédéral belge.
Photo :@Lara Herbinia
