Laurence Bibot :
une femme en équilibre

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Quand on pense à Laurence Bibot, on a une multitude d’images diverses et variées qui viennent en tête et qui nous donnent immédiatement le sourire. Or, Laurence Bibot est une femme bouleversante de sincérité et de franchise. Cette femme sait si bien nous emmener dans un monde de dérision en gardant la tête bien sur les épaules.

laurence_bibot BIY: Vous avez écrit votre première pièce « Croisière Coconuts » et j’ai entendu dire que vous aviez réellement embarqué sur une croisière pour débarquer avec des histoires.  Laurence Bibot : Oui tout à fait ! Nathalie (Uffner) a décidé de faire un spectacle comme une revue pour les fêtes. L’imagerie des croisières l’amusait et moi aussi…et comme je n’en avais jamais faite, j’ai fait une petite croisière de quatre nuits sur un de ces gros paquebots… Je trouvais ça nécessaire, car je ne pouvais pas parler d’un sujet dont j’ignorais presque tout…. Cette croisière m’a permis d’être plus réaliste dans les détails, l’ambiance… La manière dont on est accueilli, les voix qu’on entend …L’histoire d’une pièce est l’histoire d’une pièce, les personnages sont inventés…mais il y a une histoire qui s’ancre peut-être plus dans le réel : celui d’un des membres de l’équipage qui craque complètement. Ce qui doit arriver dans les croisières, car pour 3.000 passagers, il y a seulement 1.000 membres de l’équipage. Ces derniers ne sont pas toujours très bien traités. Au-delà de la croisière, ce sujet-là m’intéressait. Car en général, quand on est sur un bateau, on ne se préoccupe pas beaucoup des gens qui travaillent. Or, ce staff travaille de longues heures, part pour de longues périodes, dort dans des petites cabines… C’est une sorte d’exploitation, n’ayons pas peur des mots ! laurence_bibotNathalie Uffner s’est chargé de la mise en scène. On peut dire que Nathalie et vous, c’est une longue histoire puisque vous travaillez régulièrement ensemble !  Tout à fait ! Je n’avais jamais écrit de pièce, j’ai toujours joué…Nathalie adore les spectacles chantés, dansés c’est vraiment ses rêves d’enfant. Il a fallu intégrer cette partie-là au spectacle. Nous avons beaucoup collaboré ensemble. Et la facilité réside dans le fait qu’on se connaît bien, depuis 30 ans et qu’on a souvent travaillé ensemble…Ce qui était bien c’est que c’était tout à fait différent de ce que nous avions l’habitude de faire puisque généralement c’était elle qui me mettait en scène et là c’était mon texte… donc en même temps c’était différent et en même temps on va vite à l’essentiel…Et puis, je suis totalement en confiance par rapport à son travail, ses goûts, la manière de mettre en scène les comédiens…On a aussi des références communes quand il s’agit de raconter une histoire ou de parler de films ou de scénarios…on a cette culture commune…on se comprend assez vite. Ce qui est une force pour un projet. J’aurais vraiment du mal de travailler avec quelqu’un dont je ne partage pas l’humour ou l’univers. laurence_bibotEt comment s’est passée votre collaboration avec les comédiens ? Vous les connaissiez déjà ?  Pas tous, mais la plupart…Ils ont beaucoup travaillé, car l’idée de la croisière était de suggérer qu’il y a avait beaucoup de monde. Il y a 6 comédiens, il n’y en a pas 3.000 ! Je m’étais dit que ce serait bien qu’ils jouent au minimum 2 personnages. Pour qu’il y ait une sensation de défilement, de passagers, de personnel, d’artistes … et quand ils viennent saluer à six…on est vraiment étonné, car on a l’impression qu’ils sont 100 sur scène. Et c’est incroyable, car il y a des numéros de magie, de danse …et ils ont beaucoup travaillé ensemble en étant généreux, au-delà de la bonne volonté…Il y a vraiment une très belle énergie dans ce groupe ! Une pièce, c’est quelque chose de fragile finalement. Surtout que par rapport à moi, c’était la première donc il y a forcément des maladresses…si l’équipe, la menteuse en scène, les comédiens ne font pas tout pour pousser les meilleurs éléments et les faire ressortir, on peut aussi passer à côté ou avoir un spectacle qui ne ressemble pas à l’image que tu veux donner…C’est vraiment une aventure commune ! laurence_bibotVous allez enchaîner du 18 au 24/01 avec le spectacle « Tout va très bien » dans lequel vous jouez dedans et dont Nathalie Uffner s’occupe de la mise en scène… Oui, mais là c’est vraiment l’univers et l’écriture de Gilles Dal qui a été confronté au cancer de son fils. Il raconte les étapes par lesquelles ils sont passés, lui et sa femme, avec une sincérité et un humour assez ravageur…Je pense que son arme pour affronter une situation aussi difficile, ce fut l’humour et la distance et je pense que maintenant il peut la prendre cette distance. En tant qu’auteur, Gilles a vraiment une musique dans ce qu’il écrit. Je me sens en confiance, j’étudie son texte et c’est un peu comme une partition. Je suis rigoureuse, mais comme je le connais, je connais aussi son phrasé… et Gilles comme d’autres auteurs écrivent comme ils parlent. Donc c’est amusant d’étudier ça de plus près. Dans cette pièce, je joue un peu tous les intervenants auxquels les parents vont être confrontés. « Croisière Coconuts », « Tout va très bien », « 7e Stand up » et les Rois de la vanne sur Canal plus. Vous êtes sur tous les fronts cette année…  Oui (rire) ! Je savais que ça allait être pas mal, mais je n’avais pas anticipé que ça allait être beaucoup ! Alors après, je ne me plains pas…ça mobilise, mais par exemple le stand up, je le connais… Bon, il faut jouer correctement, mais ce n’est pas de la création. Ça fait beaucoup de choses en même temps, mais ce n’est pas la même énergie !  laurence_bibotCe sont quand même des projets assez porteurs dans un monde culturel où les budgets sont revus constamment à la baisse. C’est bien d’arriver à rouler sa bosse et de continuer à tourner et à enchaîner des projets.  Ah oui ! J’ai beaucoup de chance ! Pour parler du TTO, il y a quelque chose qui résulte à chaque fois d’un vieux combat…on a parfois la sensation qu’un théâtre qui fonctionne comme le TTO en travaillant sur l’humour et la création, n’a pas toujours la même reconnaissance qu’un théâtre qui va travailler sur le contemporain, le social … C’est une mauvaise perception parce que…déjà le rire n’empêche en rien la réflexion et puis ça reste un lieu qui malgré le fait qu’il fonctionne a besoin d’être aidé…et c’est totalement faux de penser que parce que ça fait rire, ça n’a pas de fond. Et beaucoup de gens pensent encore que le divertissement est une sorte de sous-genre. Comme tu fais rire, il y a une perception populaire souvent négative. Je défends réellement bec et ongles, ce genre de spectacles… Ça peut être bien et plaire à tout le monde ! Et puis… ça raconte beaucoup sur ce qu’il se passe aujourd’hui, sur les gens, les relations … Je trouve ça assez remarquable et je suis très contente de travailler ici ! Vous êtes comédienne, actrice, auteur, maman… Vous arrivez facilement à jongler entre les différents rôles de votre vie ?  J’ai de la chance parce que mes enfants sont grands donc c’est plus comme quand ils étaient enfants et qu’ils avaient besoin de plus de présence…et puis, je vis avec le même homme depuis 30 ans et je trouve qu’il est très compréhensif et c’est très équilibré…Il est chanteur, musicien donc il comprend le métier…et il n’attend pas de moi que je sois à la fois une femme, une mère, une infirmière, un maîtresse…il a compris que si notre histoire durait c’est parce qu’il devait me laisser cette liberté pour m’exprimer dans mon travail, que je ne me sente pas contrainte ou empêchée. Donc j’ai beaucoup de chance d’avoir rencontré l’homme que j’ai rencontré ! Vous nous réservez quoi pour 2018 ?  Pas vraiment de grandes surprises… Ce qu’on a mis en route devra continuer… Le stand up continuera sa tournée, il y aura une pièce de Sébastien Ministru, J’avoue j’ai de temps en temps un projet un an à l’avance…mais c’est un an par un an. Je ne projette jamais plus loin…C’était peut-être un peu flippant plus jeune, mais là je m’y suis faite (rire) ! Au contraire, ça ne me stresse pas de ne pas savoir…

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www.laurencebibot.be