Les livres dont on ne sort pas indemne!

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Un livre, c’est un voyage. Un livre, c’est une palette de couleurs. Il y a des livres qui nous font rire, d’autres pleurer, d’autres qui nous mettent en colère ou qui nous font poser mille questions. Voici trois livres qui vous marquent au fer rouge. 

« La vraie vie » d’Adeline Dieudonné – les éditions L’Iconoclaste

la vraie vieC’est l’histoire d’une petite fille sur six étés. C’est l’histoire d’une petite fille qui a un frère qu’elle aime plus que tout, un père violent et prédateur et une mère quasi inexistante. C’est l’histoire d’une petite fille qui suite à un accident va plonger plus vite que prévu dans l’âge adulte. C’est l’histoire d’une petite fille qui devra devenir une guerrière pour survivre dans ce huis-clos noir d’une famille hostile.

Avec « La vraie vie », Adeline Dieudonné signe son premier roman, un livre sombre et dérangeant, mais une oeuvre littéraire belle et captivante. « La vraie vie » vous plonge dans une ambiance particulière, dérangeante et malsaine.  Il est absolument impossible de le lâcher dès les premières lignes et l’histoire vous hante une fois le livre terminé. Ce premier roman d’Adeline Dieudonné est réellement époustouflant !

« Les yeux rouges » de Myriam Leroy – les éditions Seuil

les-yeux-rougesAvec ce second roman, Myriam Leroy (journaliste, chroniqueuse radio, romancière) signe un récit glaçant, angoissant sur un sujet qu’elle connaît malheureusement bien pour en avoir été et l’être encore : victime de cyber harcèlement. Tout commence par un message envoyé via Facebook pour complimenter l’héroïne et insidieusement le piège se referme. Le lecteur assiste en direct et de plein fouet à l’engrenage infernal de la destruction d’une jeune femme par un cyberharceleur, par son environnement qui reste inactif et dubitatif face à sa souffrance. 

Avec « Les yeux rouges », on souligne le juste exercice de style de Myriam Leroy. Tout le livre est écrit sous forme de discours rapporté. L’autrice ne lit pas la correspondance qui lui est adressée, mais la raconte, ne livre pas des dialogues, mais raconte ce qu’elle entend…ce qui renforce le sentiment de subir cet engrenage. Nous ne sommes pas dans l’exposition de la douleur pourtant on la ressent, elle est palpable et bien présente… « Les yeux rouges » est un livre qui vous secoue méchamment. C’est effroyable, brillant et absolument nécessaire pour se rendre compte que la société et la justice banalisent cette violence et que nous, spectateurs, nous la tolérons. 

« Cinglée » de Céline Delbecq – les éditions Lansman / Rideau de Bruxelles

En Belgique, une femme meurt une fois par semaine. 
En France, une femme meurt une fois tous les trois jours. 
Aux États-Unis, une femme meurt toutes les 3 heures. 

Comment ne pas devenir cinglé(e) devant ces crimes commis dans l’indifférence de tous ?

cingléeMarta Mendes tombe sur un article relatant le « premier » meurtre d’une femme de l’année 2017 en Belgique. Si le journaliste utilise le mot « premier », c’est qu’il estime qu’il y en aura d’autres ? Elle n’y croit pas et dès lors, passe ses journées à dépouiller les journaux en quête de ceux qui suivront. Elle commence une liste des victimes mortes sous les coups de leur conjoint. Au fil des semaines, des mois, cette liste s’allonge inexorablement et plonge Martha dans une folie obsessionnelle… 

Avec « Cinglée », Céline Delbecq nous donne la chair de poule et nous questionne sur cette société patriarcale. Le féminicide ne devrait-il pas tous nous rendre fou ? Est-ce normal de mourir parce que nous sommes des femmes ? Que font les autorités ? Quels recours possèdent les victimes ? Pourquoi ne faisons-nous rien ? Qu’est-ce que nous n’entendons pas ? Qui n’entend pas ?

Tant qu’une femme sur terre mourra parce que c’est une femme. Tant qu’une femme sur terre sera mutilée, violée, humiliée, lapidée, emprisonnée …parce que c’est une femme… et que ces actes sont acceptés dans l’inconscient collectif…nous ne pourrons pas dormir tranquillement.  

Le texte est mis en scène par l’autrice elle-même et joué sur les planches du Rideau de Bruxelles jusqu’au 26 octobre avant d’entamer une grande tournée. C’est une pièce à voir, un texte à lire… C’est fort, c’est juste et on n’en sort loin d’être indemne…