O.R.A.:
« Avec la musique, nous sommes des vecteurs »

O.R.A.

O.R.A. (pour Organic Random Atmosphere) est un groupe electro rock alternatif. Le quintet s’est créé autour de l’amour qu’ils ont pour la musique intense, inspirante, spirituelle et rêveuse qui vous plonge dans une introspection et vous fait vibrer au plus profond. Leur musique oscille entre textures électroniques retenues et instruments acoustiques puissants, le tout porté par la voix envoûtante du chanteur : Dami Perri. C’est avec lui que nous nous sommes entretenus un long moment. 

Comment cette passion pour la musique est née ?

O.R.A.J’ai commencé à jouer du violon à l’âge de 7 ans. J’en ai fait durant quatre ans. En parallèle, mes parents écoutaient énormément de musique. Je suis belgo-italien, à la maison il y avait beaucoup de musique italienne. Sans m’en rendre compte, je baignais là-dedans. Le chant a démarré  suite à un spectacle d’école, j’ai commencé à prendre plaisir à chanter et suite à ça, j’ai pris des cours. Je suis arrivé ensuite dans une chorale gospel… Et c’est un professeur qui m’a fait prendre conscience de toutes les textures, des palettes de couleurs qu’une voix peut avoir…. C’est vraiment de là que tout a commencé… Puis, j’ai commencé à faire de la guitare pour accompagner le chant… Ce sont vraiment les échanges humains que j’ai eu avec mes professeurs qui m’ont poussé à prendre cette voie-là. 

Avant O.R.A, vous aviez un autre groupe Bonsaï Drama…

O.R.A.Nous étions 3 dont le guitariste qui est avec moi dans le groupe O.R.A. La troisième personne a quitté le groupe pour un autre chemin de vie et j’ai eu du mal à continuer de faire la même chose sans lui… Aujourd’hui, quand je vois les choses avec le recul, je me dis que ces projets faisaient partie d’un apprentissage. Il y a toujours eu la volonté de sortir quelque chose, mais finalement c’était une expérimentation. O.R.A est vraiment l’aboutissement…

O.R.A. est un groupe composé de 5 personnes. Comment vous êtes-vous rencontré ?

Je fréquentais beaucoup de personnes qui étaient au Conservatoire. C’est ainsi que j’ai rencontré le bassiste Benjamin Jacques. J’ai parlé du projet et ça a collé directement. Les autres, je les ai rencontrés sur le chemin. À chaque fois, je leur ai montré l’univers et ils ont tout de suite accroché. Le tout premier morceau qui était « Young » et le clip a même été présenté à Hollywood ! C’était de la folie ! Ce morceau a débloqué plein de choses… 

Un des morceaux de l’album parle d’un passage de la vie à la mort. Est-ce votre vision de la mort ?

O.R.A.Dans cet album, je raconte beaucoup de choses personnelles. Celle-là relate mon expérience de la perte d’un être cher, celle de ma grand-mère. Je n’étais pas arrivé à faire mon deuil, j’étais passé par plein d’étapes avant l’acceptation comme la colère, le rejet … En faisant le morceau, je voulais en faire une célébration et ne pas rendre cela triste. Chez nous quand on perd une personne proche, tout ce qui entoure l’enterrement est vécu avec beaucoup de tristesse. Or il y a d’autres pays qui ont d’autres traditions. En Inde ou en Afrique, ils célèbrent ça avec des danses et des rituels beaucoup plus joyeux, plus respectueux envers la personne alors que chez nous, c’est un rapport direct avec notre tristesse. J’ai voulu écrire ce morceau pour ma grand-mère… La mélodie est nostalgique, mais il y a de l’espoir dedans. Ce n’est pas la fin de quelque chose, mais c’est une transformation où il y a une continuité… 

Le clip est vraiment très beau… 

Merci ! On a eu de la chance de travailler avec de chouettes personnes. Je voulais une danseuse qui incarne ce passage dans l’au-delà avec une belle danse, quelque chose de gracieux et j’étais vraiment heureux qu’elle le rende de la manière dont je l’avais imaginé. 

La spiritualité est assez présente dans les morceaux, c’est un message que vous vouliez passer ?

O.R.A.Je pense qu’avec la musique, nous sommes des vecteurs. Je dis ça sans prétention, mais en fonction des retours des gens que je reçois. J’aime me transcender sur scène et je pense que j’arrive à donner quelque chose aux spectateurs. Quand ils viennent me trouver après un concert, ils ne me disent pas : « chouette musique », mais ils me disent des choses beaucoup plus profondes qui me touchent. Le message j’y travaille… Cet album est ma vision sur mes 30 premières années de ma vie. je suis très heureux si les paroles touchent les gens et qu’ils s’y reconnaissent. La mélodie, sans les paroles, reste quelque chose d’universel et qui délivre déjà un message. O.R.A. me démontre par tout ça que je suis sur la bonne voie… 

Votre rêve pour O.R.A. ce serait quoi ?

Trouver de plus en plus les mots justes dans ma musique et d’atteindre le plus de gens possible. Pas dans le but de les atteindre, mais pour que les gens puissent s’y retrouver… Et si ça peut aider des gens, purger des émotions… faire ressentir des choses fortes… L’album parle beaucoup du moment présent, de la temporalité… 

La couverture de l’album est une oeuvre réalisée par l’artiste Isabelle Menin

O.R.A.C’est une belle histoire… Il faut savoir que chaque fois que je trouve qu’un artiste fait de belles choses qu’il soit musicien ou dans un autre domaine, j’essaye de rentrer en contact avec et souvent cela donne des échanges de dingue. J’étais sur un site qui répertoriait plein d’artistes du monde entier, je cherchais une inspiration pour la cover d’O.R.A. et je suis tombé sur cette peinture d’Isabelle Menin et je l’ai trouvé tellement belle. Je suis allé voir le profil de l’artiste en me disant qu’elle devait être à Toranto ou ailleurs dans le monde et puis j’ai vu Bruxelles. J’ai envoyé un message en décrivant le projet que je trouvais vraiment en symbiose avec ces oeuvres. Elle ne m’a pas répondu pendant plusieurs semaines. Les prix auxquels, elle vendait ses oeuvres n’étaient malheureusement pas dans nos budgets… Finalement, elle m’a contacté. Nous sommes allés boire un verre. On a beaucoup parlé. Ce qui est marrant, c’est qu’Isabelle peint des fleurs alors que dans son esprit elle est beaucoup plus rebelle et elle a un look un peu punk. Elle m’a intéressé énormément. Et finalement, elle a accepté que j’utilise une de ses oeuvres pour la pochette de l’album. Elle est venue nous voir lors du concert au Botanique. Quand je suis sorti de scène, elle m’a pris dans les bras et les larmes aux yeux, elle m’a dit que c’était elle qui était honorée de travailler avec nous. J’étais très ému qu’elle me dise ça… Ça prouve bien qu’il y avait quelque chose à faire entre ses oeuvres et notre musique. 

Justement pour le concert au Botanique, un quatuor vous accompagnait. Comment est venue l’idée ?

O.R.A.Le dernier arrivé dans le groupe Yannick Jacquet qui fait du violoncelle et de la guitare. Je suis un grand fan de compositeur de musique classique japonais comme Ryuichi Sakamoto par exemple. Comme ça l’inspirait aussi, je lui ai fait confiance et il a écrit plein de partitions pour un quatuor. On l’a enregistré sur l’album et comme le projet les a enthousiasmés, ils ont fait le concert avec nous. On est super soudé maintenant. Ils ajoutent une autre dimension. On peut faire des introductions beaucoup plus longues où tu entres tout doucement dedans comme dans un film. Ça permet tellement de possibilités. Yannick a quasi tout fait tout seul… On a beaucoup bossé pour le concert du Botanique… Et ce concert fut intense. On l’a tous ressenti qu’il se passait quelque chose de magique… 

Est-ce difficile d’être dans le domaine de la musique, selon toi, aujourd’hui ?

O.R.A.Quand tu es indépendant, tu dois faire le boulot de 10 personnes tant au niveau du démarchage, de la gestion des réseaux sociaux, … 70% de ton temps, tu le passes à faire tout ce qui est diffusion, paperasses administratives, … 30% quand ça va bien pour la composition, pour répéter, pour faire de la musique en fait. Aujourd’hui, les artistes doivent vite se trouver des talents de photographes, de vidéastes pour la communication. Il faut réseauté… Et c’est difficile pour moi car je ne suis pas comme ça à la base… Après l’avantage, c’est qu’on est complètement indépendant et qu’on comprend comment ça fonctionne étant donné qu’on l’expérimente. 

Un rêve un peu fou que vous voudriez réaliser avec O.R.A. ?

O.R.A.J’en ai jamais parlé avec le groupe donc je vais parler à titre personnel…même si je pense qu’il serait d’accord avec moi… Mais j’aimerais beaucoup faire des premières parties, être à l’affiche de festivals avec des groupes qu’on affectionne beaucoup, faire des collaborations avec des artistes également…On a fait notre album avec Charles de Schutter qui a énormément d’expérience, il nous a apporté tellement de choses pour l’album. C’est grâce à lui qui a cette dimension atmosphérique. C’est donc grâce à des rencontres humaines qu’on prend de l’élan, qu’on expérimente d’autres choses… Je pense que nous faisons ça pour cette raison -là : rencontrer des gens et voyager dans le meilleur des cas. 

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