Sarina:
« La musique, c’est une question de moment »
Dès que Sarina se met à jouer du piano et à chanter les premières notes de sa musique, elle vous emporte littéralement dans un autre monde. Un monde de rêves, de douceur…où il fait tout simplement bon de s’y réfugier. Sarina sort son premier album et pourtant elle joue du piano depuis l’âge de 4 ans.
J’ai lu que c’était votre grand-mère paternelle qui était professeur de piano qui vous a initiée à cet instrument.
Je devais avoir 4 ans. Et ma grand-mère m’a mise devant un piano et elle m’a dit : « Tu vas jouer et tu vas chanter ». C’est un parcours assez classique, je crois. Elle a un peu initié tout le monde dans la famille. Mon frère joue de la guitare. Elle donnait des cours à l’académie de Saint-Josse et Schaerbeek et elle donnait beaucoup de cours privés. Quand je reviens encore aujourd’hui dans ces quartiers-là, beaucoup de gens la connaissent. On faisait des spectacles chaque année. J’ai pu chanter dans plein d’endroits assez extraordinaires grâce à sa troupe comme les Riches-Claires, au Claridge, l’os à moelle … Des lieux qui restent assez mythiques ! C’est vraiment une chouette ambiance.
Ensuite, vous faites l’académie de musique en solfège et chant.
Ma grand-mère voulait vraiment que je rentre en chant lyrique. Seulement, j’avais 10 ans et j’étais trop jeune et finalement, c’est grâce à ma professeur de piano de l’époque qui m’a quand même fait rentrer là dedans même si aussi jeune, tu ne fais pas grand-chose finalement. Je ne me suis jamais dit que j’allais en faire mon métier, mais j’ai toujours chanté.
À 15 ans, vous faites partie du trio final d’un festival en Norvège « Music Live ». Que retenez-vous de cette expérience ?
C’est vraiment à ce moment-là que j’ai su que je voulais faire ça comme métier ! Avant, je m’amusais beaucoup. Je faisais des concours, j’adorais, mais je ne savais pas ce que je voulais faire de ma vie, je n’avais que 12 ans. Jouer à 15 ans devant un public norvégien qu’on ne connait pas, qui n’a pas la même culture… je chantais en français à ce moment-là. Et on est arrivé dans un club avec des peaux de bêtes sur les murs, c’était trop drôle. Et j’ai joué et chanté ma musique. Et ce fut un moment magique ! Nous partions avec les jeunesses musicales et une des accompagnatrices m’a dit : » Tu as déjà réfléchi à en faire ton métier avec tes propres compos ? ». Et c’est à ce moment-là, que j’a réalisé que chanter mes morceaux au piano, c’était ça que j’aimais par-dessus tout et que je voulais faire.
À 16 ans, vous avez alors 11 ans d’expérience, c’est juste énorme. Et vous décidez de vous inscrire à l’Eurovision.
J’étais à la sélection belge. Je l’ai fait un peu comme ça…Je ne me mettais pas du tout la pression. Et pour être honnête, au tout début je me suis dit que je n’y arriverais jamais. Il fallait mettre sa musique sur un crowdfunding et il fallait arriver à 20 000 euros pour être sélectionné en finale. Et je me suis dit que c’était mort ! Jamais, j’allais avoir 20 000 euros. Et le jour de Noël, ma mère était en train de nous servir le repas et mon père est allé voir les résultats et il m’a dit : « On y est »! J’étais jeune et je ne me suis vraiment pas mis la pression. J’ai terminé deuxième de la sélection ce qui m’a permis de faire beaucoup de concerts à Bruxelles. Ça m’a un peu fait connaitre et c’est très bien que ça en soit resté là. J’ai pu continuer mes études… Je suis contente d’avoir muri, d’avoir eu le temps de faire le conservatoire et de revenir avec quelque chose qui me plaise beaucoup….
Vous entamez des études en psychologie à Louvain-la-Neuve et au même moment vous êtes élève au conservatoire de Valenciennes.
J’ai toujours été intéressée par le fonctionnement humain. J’avais envie d’aider et de me rendre utile. J’avais envie de travailler avec les chevaux et les enfants. Ma professeur de piano m’avait suggéré de rentrer au conservatoire de Valenciennes. Il faut savoir que c’est un conservatoire assez élitiste. Ils refusent beaucoup de gens. Alors quand j’ai réussi à y entrer, j’étais vraiment heureuse. J’ai fait les deux en me disant qu’un jour, le choix s’imposera à moi… Et c’est ce qu’il s’est passé. Au conservatoire, il y avait beaucoup de travail à faire chez soi et il demandait de venir un seul jour sur la semaine. C’était assez sportif et j’ai fait ça pendant 7 ans. Cette année, j’ai tout terminé et j’ai récupéré du temps (rire) !
Ensuite, vous avez entamé 2 ans de perfectionnement au conservatoire et un Master en musicologie. Vous aimez étudier ?
En fait, j’étais dans le système français qui est composé de 12 ans au conservatoire. On ne fait jamais réellement 12 ans, car on saute des étapes, c’est simplement la loi qui est comme ça. Moi, j’ai fait 7 ans. Ce qui est marrant, c’est que j’ai terminé en même temps qu’une amie qui a fait des études en médecine ! Je terminais psychologie que j’adorais, mais l’envie de faire de la musique était plus forte. J’avais envie de faire autre chose et d’avoir un Master, car on ne sait jamais. Et la musicologie m’est venue comme une évidence. Je suis très contente de l’avoir fait.
Vous chantez en français, en anglais et en hébreu…
Oui, je chante en plein de langues ! Au conservatoire, on vous apprend à chanter dans n’importe quelle langue avec l’accent. Je sais par exemple que j’ai un bon accent allemand alors que je ne le parle pas du tout (rire) ! J’ai chanté en japonais, en swahili, en Italien … Il y a peu, j’ai retrouvé une partition de Tolkien avec un chant en langage elfique. Et j’ai chanté en elfique dans les ruines de Villers -La-Ville, je trouvais ça magique ! J’adore les langues !
Je sais que vous vous inspirez beaucoup de contes et de légendes pour votre musique qui d’ailleurs nous emporte dans un autre monde…
J’ai vraiment envie que quand les gens écoutent ma musique, qu’ils sortent de là où ils sont et qu’ils prennent un moment pour eux pour voyager vers ailleurs…
Et mis à part, les contes et les légendes qu’est-ce qui vous inspire ?
Ce qu’il y a autour de moi ou des expériences que j’ai parfois. Il est vrai que j’ai un prisme qui me fait voir de la manière d’un conte, mais c’est ma manière de voir les choses. Je suis quelqu’un qui me raconte beaucoup d’histoires dans ma tête (rire), j’adore les contes, je m’identifie à certains personnages dans des films ou dans des livres…
Lesquels, par exemple ?
Je suis une grande fan de Disney… mais je pense que le personnage où je me suis fort identifiée, c’est Katniss dans Hunger Games pour le côté battant…
Parlons de votre album…. Quel est le morceau dont vous êtes le plus fière ?
Je ne peux vraiment pas répondre… ça dépend des moments. Il y a des morceaux que je joue et au moment ou je les joue, ils prennent une certaine ampleur puis par d’autres moments, ce sont des autres. Je crois que la musique est une question de moment. Mais ce que j’espère le plus, c’est que les gens qui écouteront ma musique vont être comme dans une bulle, l’espace d’un instant. Je suis une grande amatrice de thé. Chaque chanson de l’album est associée à un thé particulier. En plus de la pochette de l’album, on a réalisé un carnet. C’est un peu comme un carnet de voyage où on y trouve des textes, les textes des chansons, les thés, il y a des mots de l’équipe puisque c’est un voyage en équipe et des pages blanches pour que les gens fassent leur propre voyage. J’ai composé cet album sur une période de 3 ans. J’ai de la chance de travailler avec de super musiciens comme Philippe De Cock qui travaillait aussi avec Maurane, ou encore Patrick Deltenre. J’ai eu la chance que les gens ont eu un coup de coeur pour le projet. C’est une grande fierté que de sortir cet album. Un album c’est une aventure incroyable et on ne se rend pas compte du nombre de gens qui travaillent derrière. Et j’ai envie de les remercier…
Pour réaliser cet album, vous avez lancé une campagne de crowdfunding. Ça devait être stressant ?
Je suis quelqu’un de stressé par nature (rire), mais je me soigne ! Ce qu’il y a de dingue, c’est que je n’ai pas eu le temps de stresser. C’était bien théoriquement une période stressante, mais je pense que quand on se lance dans ce métier, tout est stressant de toute manière ! Tu montres ta musique à des gens, c’est stressant… J’ai eu la surprise que les gens ont directement répondu à l’appel. J’ai atteint 212 % de mon objectif. C’était dingue de voir la confiance qu’on me portait !
Vous avez réalisé un showcase à l’Archiduc et c’est le lieu que vous avez choisi pour les photos de l’article également. Qu’est-ce qui vous plaît tant à l’Archiduc ?
J’ai joué dans des lieux incroyables comme la Grand-Place, Villers-la-Ville … Ce que j’aime à l’Archiduc, c’est que cet endroit à une âme. Il a un cachet particulier que tu ne trouves pas ailleurs. Le piano au milieu, tu viens, tu joues… C’est de l’imprévu comme ça…
Un rêve un peu fou que vous voudriez réaliser…
J’ai envie de voyager avec ma musique et de partir vraiment loin… Je vais jouer en France et en Suisse, mais j’aimerais bien aller au Japon. De partir en caravane et de voyager avec cette musique et de voir où elle m’amène…
Plus d’info ?
Merci à L’archiduc pour leur accueil