Myriam Leroy cherche l’amour au TTO

Myriam Leroy

Myriam Leroy est une femme qui a le vent en poupe. Révélée au grand public pour sa rubrique « J’aime pas » sur PureFM, elle a depuis enchaîné les chroniques et émissions sur bien des médias (Entrez sans frapper, Coupé au montage,…). Son premier essai au théâtre est un triomphe, la pièce joue même les prolongations et elle est nominée pour le prix de la critique 2017. Rencontre avec cette femme drôle, cynique et intelligente.

BIY: On a l’habitude de te voir à la télévision et de t’entendre à la radio. Le théâtre était donc une première, qui est à l’origine de cette idée ? Myriam Leroy: C’est Nathalie Uffner qui m’a fait cette proposition. Elle adore partir à la découverte de jeunes auteurs qui n’ont jamais fait de théâtre. Cette fois-ci c’est tombé sur moi (rire) !  Il y avait déjà eu une première tentative, il y a quelques années…J’avais rendu un texte nullissime (rire). Je n’avais pas compris qu’écrire pour le théâtre nécessite d’écrire pour des corps en mouvement et pas faire de la chronique en grand format… à force d’aller au théâtre, j’ai affiné ma connaissance de la discipline et j’ai compris un peu mieux comment cela fonctionnait…Cette fois-ci, je lui ai remis un texte qui a été validé pour ma plus grande joie (rire) ! Myriam Leroy Le TTO a une ligne éditoriale très spécifique. Est-ce facile de rentrer dedans quand on a déjà son style ? Non ce n’est pas facile…en fait et ça a été ma plus grande difficulté…à la fois il fallait respecter cette ligne éditoriale tout en apportant quelque chose de personnel et en ne copiant pas ce qui avait été fait avec beaucoup de succès par ailleurs…. Je me suis un peu battue avec ça mais à force de bosser ; je suis retombée sur mes pattes. L’idée d’écrire sur l’amour… Vient de toi ou de Nathalie Uffner ? Nathalie avait deux envies : une pièce sur l’amour et une pièce avec 4 comédiens qui changent de costumes. Elle avait une espèce de fantasme de mise en scène. Ce sont ces 2 contraintes qui m’ont permises d’avancer et c’est très bien en fait…C’était stimulant car si elle m’avait juste dit « écris une pièce sur l’amour » j’aurais été totalement perdue… Donc ça m’a bien plu qu’elle me fasse une commande aussi précise. Le thème de l’amour n’est pas un thème dont tu as l’habitude de traiter… Non c’est vrai…mais je me rends compte qu’il n’y a que ça qui m’intéresse finalement (rire) ! Le reste c’est de l’occupationnel (rire) ! En parlant de l’amour, on peut parler de plein de choses… C’est un thème à la fois très large et qui permet de rayonner dans plein d’autres rubriques. A travers ce thème-là je parle aussi un peu de féminisme, de lutte des classes et de dominations…qu’elles soient sociales ou interpersonnelles.
Myriam-leroy

@Alain Collet

D’où t’es venue l’inspiration pour tes personnages ? Il y a un peu de mon expérience personnelle, beaucoup d’histoires qu’on m’a racontées pour lesquelles j’ai grossi les traits pour les rendre plus drôles et plus jouants. Il y a aussi des choses que j’ai pioché dans l’air du temps…et puis des choses qui viennent de ma pure imagination aussi. La difficulté c’est que je n’ai jamais eu l’occasion de fréquenter des sites de rencontres…il a fallu donc imaginer beaucoup…mais j’ai suffisamment d’amis autour de moi qui sont abonnés à ce genre de réseaux qui ont pu m’apporter beaucoup de matière (rire) ! Myriam Leroy En général, on représente souvent la femme comme quelqu’un de romantique, qui recherche le prince charmant…Or ici, ce sont des personnages plus « réels » (Rire) Oui c’est ce que j’ai essayé de faire ici…Partir des stéréotypes mais pour les déconstruire en cours de route et avoir quelque chose de crédible.. J’avais envie de raconter quelque chose auquel tout le monde peut s’identifier… Dans mon entourage, les femmes ne sont pas des princesses oisives qui attendent désespérément que quelqu’un les arrache à leur quotidien misérable. Elles prennent des décisions, c’est elle qui vont draguer ou alors elles sont hyper sexuelles ou pas du tout sexuelles, … J’avais envie de faire quelque chose qui ressemble aux filles de ma génération. Par contre, ce qui est étonnant c’est que j’ai eu quelques retours d’hommes qui étaient heurtés car ils trouvaient qu’ils n’avaient pas le beau rôle…Même si cette pièce n’est pas censée représenter l’humanité telle qu’elle est (rire)… Je me suis donc demandé si je n’avais pas fait une pièce au sexisme inversé…ce qui est du sexisme car finalement ce n’est qu’un miroir artificiel. J’ai donc compté le nombre de scènes par genre des personnages et je suis arrivée au même résultat, c’est moitié-moitié : il y a autant de scènes où les femmes paraissent stupides que les hommes. Ce qui est donc amusant à remarquer c’est que cette parfaite parité est prise par une partie du public masculin comme étant quelque chose où eux sortent perdants. Je trouvais ça rigolo. Tes prochains projets ? Nathalie m’a proposé de travailler sur une nouvelle pièce dont le thème serait la beauté… Ca fait donc deux mois que j’essaye de définir la beauté car c’est quelque chose de très vaste : qu’est-ce que c’est la beauté ? Sinon, j’ai écrit un roman qui sortira en janvier dont je suis très très heureuse car c’était vraiment un rêve… Et puis, le « day to day » de la vie à la RTBF… avec des chroniques à gauche à droite pour des émissions qui veulent bien m’accueillir ! Tu es également nominée au prix de la critique 2017 : c’est génial ! Ouiiiii (rire) ! C’est génial ! Et je pense que c’est génial aussi pour le théâtre de pouvoir mettre cette estampille « nominée au prix de la critique »…Parce que le TTO est un théâtre privé qui marche très bien..c’est un théâtre de comédie qui a tendance à être snobé par la critique…enfin c’est mon sentiment, je ne sais pas si Nathalie aura le même…Cette nomination…C’est donc le métier qui dit au métier que c’est bien…donc on est tous super contents.

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